Le mois passé, au Reflektor, je suis
allée à la rencontre du groupe Bacon Caravan Creek qui revient pour un 3e
album. C’était la première fois qu’ils jouaient Odd
Places à Liège.
Selon eux c’est stressant de jouer à la maison, mais pari réussi, leur grand
retour a vraiment tout déchiré.
Deux heures avant le concert.
J’arrive dans le couloir des loges du Reflektor à la rencontre du groupe.
Devant la porte, le nom Bacon Caravan Creek
y est inscrit, c’est
ici. Déjà, je peux les entendre rire et blaguer. Tous assis dans les canapés,
ils boivent tranquillement une Jup. L’ambiance a
l’air détendue, des échauffements
de voix en fond sonore, le stress ne se fait pas ressentir.
Ils m’accueillent tous très gentiment
mais le manager les fait sortir pour n’en laisser que deux. Xavier le batteur
et Nicolas le chanteur, selon eux, les deux plus importants du groupe. Je
comprends déjà très vite que nous allons bien nous marrer.
Nous essayons tant bien que mal de
commencer l’interview interrompus par des allers et venues du reste du groupe
qui vient chercher des bières planquées dans le frigo de la loge. Ils m’en ont
proposé quelques fois, mais j’ai dis non par souci de professionnalisme … Le
calme revient, j’appuie sur « enregistrer ».
Facebook @ Bacon Caravan Creek / Jérémy Vercauteren |
L’histoire commence il y a une vingtaine d’années
lorsque des adolescents, un chanteur/compositeur, un bassiste et un batteur, décident
de former un trio. Au sein du groupe, Xavier et Nicolas composent le noyau depuis
1999, autour duquel d’autres artistes vont graviter et contribuer à la réalisation
de chaque album.
À l’heure actuelle, c’est à 5 qu’ils ont composé Odd Places et ça a plutôt l’air de
bien matcher ! Leur fonctionnement ? À l’anglaise ; ils composent la musique en
groupe puis écrivent tous ensemble les paroles qui viendront perfectionner la mélodie. Rien d’étonnant pour des amoureux de la musique qui ont
grandi avec des groupes tels que Radiohead, dEUS ou Grandaddy, que de chanter en anglais. Nicolas nous confie qu’il
n’aurait jamais prétendu écrire aussi bien que les grands maîtres de la chanson
française comme Brassens, Brel ou Gainsbourg, une humilité à la liégeoise qu’on
adore, tout comme nos boulettes !
En parlant d’écriture, j’étais curieuse de savoir d’où venaient leurs inspirations, et Nicolas s'est fait un plaisir de m'éclairer.
C’est assez évolutif. Pour le premier album on était très branché écriture automatique, comme les écrivains français surréalistes faisaient beaucoup. Le deuxième album, c’est plus des choses qu’on observe. C’était une manière de ne pas être trop dans ses textes, de ne pas trop se livrer. Mais là, le troisième, c’est clairement à partir d’expériences personnelles.
Et c’est notamment ce que raconte Into the light et son clip dont les images viennent d’un roadtrip à travers le monde. Il y a aussi Grass Ballad, mélodie où les paroles
arrivent au bout de 3 minutes d’introduction, un décor est installé, des mots
ne sont pas toujours indispensables à l’immersion dans une ambiance. C’est ce
qui, selon eux, rend un morceau original et différent des autres.
Être artiste c’est un métier. L’un est psychologue,
l’autre architecte, tous ont la musique et le fait d’être papa en commun. Pour
chaque prestation, Nicolas, Xavier et les autres membres du groupe incarnent un
autre personnage sur scène et savent être pro. Ils ont ainsi, trouvé l’équilibre
entre vie de famille, loisir et vie professionnelle. Mais pro ou pas pro, un
come-back ça s’anticipe, ça se prépare et ça angoisse, surtout après 6 ans !
« Comment appréhendiez-vous votre come-back ? »
À ce moment, ils ont l’air surpris, ils me répondent qu’on ne leur avait jamais
posé cette question auparavant alors que ça fait un petit temps qu’on les
attend au tournant. C’est entre l’angoisse d’être has been et de ne plus plaire à leur public qu’ils envisagent
leur retour, mais c’est entre deux rires qu’ils avouent être toujours très
cools ! Cet album, ils l’auraient sorti, quoi qu’il arrive, sans se poser trop
de questions. Il fallait qu’ils fassent naître ce troisième enfant.
Les membres de Bacon Caravan Creek (nom trouvé dans la cave de chez mamy) ne manquent
pas de répartie,
ni d’humour, mais à la question « Comment
décririez-vous votre style de musique? » c’est un blanc que j’ai reçu en
guise de réponse. Selon eux, il est plus facile pour les fans du groupe de décrire
leur art, même si « alternatif » est un
style qui semble bien les définir. De morceaux pop à sombres en passant par des
choses plus trip hop, ceci est la preuve que le ces artistes ont l’envie de
toucher à des styles différents qui font la force de chaque album. Notre seule
envie, à nous, là tout de suite, c’est de ne plus attendre 6 ans avant un
prochain potentiel retour… En attendant, place au concert !
L’interview si finit à 20h, Jup à la
main … Je me dirige dans la salle de concert où la première partie est un groupe de
trois jeunes Liégeoises du nom de Condore (Article à suivre). L’atmosphère féminine
contraste totalement avec l’interview qui vient d’avoir lieu. La salle se
remplit tout doucement, tout se déroule au rythme de leur voix et du piano.
Facebook @ Condore |
20h45 : Elles finissent en douceur
par Lotus, leur dernier morceau, pour laisser place à un groupe explosif et énergique.
20h55 : J’attends avec impatience de
voir le groupe se produire sur scène, car après avoir parlé avec Nicolas et
Xavier, j’ai hâte de les voir dans leur élément. La scène commence à prendre
forme, le décor s’installe.
20h57 : Les premiers accords se font entendre.
Le groupe se prépare, déjà on ressent les premières vibrations de la batterie.
21h17 : Surprise, ils sont plutôt à l’heure
pour des artistes. Le concert devait commencer à 21h15 ! Les lumières s’éteignent
et ils entrent en scène.
21h20 : Un début de concert qui donne
le ton avec le morceau assez lent mais très affirmé, The saddest
man on earth. Le
chanteur nous demande si ça va, la salle est presque comble, une cannette de
bière à la main, il fait une blague sur la tournée minérale qui a lieu en ce
moment, qui a dit que l’alcool ce n’était pas de l’eau ?
Au passage, le chanteur nous dit
qu’ils sont super fiers car c’est la première date depuis la sortie de leur
album et c’est à Liège !
21h43
: Plongé dans l’ambiance
le public écoute et se laisse porter par la voix du chanteur et les accords des
autres membres du groupe. Nous sommes tous immergés jusqu’a ce que Nicolas
souhaite un Joyeux Anniversaire à un ami, à une connaissance, à un
chien. Sa générosité est
aussi grande que ce que le public lui donne et très vite, devant tous ces gens
qui les acclame, ils font preuve de naturel et de spontanéité. Ces artistes
sont sont sans prise de tête et nous rappellent l’humilité à la liégeoise.
22h14 : Ils annoncent le dernier
morceau du concert, ils mettent le feu et tout le monde clappe des mains !
Dans, ce que l’on croit, un dernier élan d’énergie ils bousculent tout en
interprétant un titre de leur album Wolf wolf
wolf sheep wolf. Le public applaudit mais pas pour
les saluer, au contraire, pour en demander davantage.
22h30 : Le groupe revient en courant
sur scène, et entame Shaking River. Un morceau qui fait penser à un
vieux western, dans cette bataille ultime, on accepte le défi et on se relance
dans l’univers avec plaisir.
22h42 : Tout le monde crie « Bacon »
pour une dernière danse ! Et comme pour nous remercier de notre présence, ils
interprètent rien que pour nous un tout dernier titre en y mettant tout leur
coeur. Quand le concert s’achève, vraiment, Nicolas convie tous les fans du
groupe au bar pour prendre un dernier verre.
22h50 : Fin du concert. Je n’ai
malheureusement pas le temps d’aller au bar pour leur donner mon avis sur le
concert, joies du bus s’imposent, mais c’est ici que je vais le donner.
Ne connaissant pas le groupe
auparavant, ne m’intéressant pas au Rock à la base, Bacon Caravan Creek
a su me plonger dans un univers qui m’a sorti de mes habitudes. Rencontrer les
membres du groupe avant le concert m’a permis de comprendre qui ils étaient
vraiment. Sur scène j’ai pu voir des pères de famille, un psychologue, un
architecte et un metteur en scène se donner à fond pour leur passion commune,
la musique, et pas n’importe laquelle, la musique qu’ils sont.
Prochaines dates : Nandrin Festival
le 19 Août - Fêtes de la musique à Marchin le 23 juin.
Texte : Marine
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