Il n’est pas coutume de quitter sa tendre,
confortable et admirable Cité ardente. Sauf quand on est un requin sans cœur
qui avance à l’ambition, et pour qui l’épanouissement se passera forcément « à
la grande ville ». Ou quand on s’est enfin décidé à faire ses valises loin
de cette histoire d’amour trop cabochée qui nous a fait pleurer tout notre
péket dans les caniveaux du Carré. Ou quand on se sait plus qu’inventer pour
couper le cordon avec maman et tante Pierrette, et qu’on se dit qu’un nid
douillet à la capitale serait la
solution à tous nos problèmes de ville-village. Bref : trouver une bonne
raison pour partir dévorer Bruxelles une fois ! C’est
facile. S’adapter, c’est un autre job.
1.
Bruxelles tourne avec des
transports en commun. Des vrais.
C’est beau à voir, vraiment. Pouvoir
traverser la capitale en moins d’une heure, sans devoir attendre 49 minutes en
faisant "atchoum", les pieds dans une flaque d’eau : ça change quand
même la vie.
Puis vous voulez savoir un truc complètement dingue ? Les trams sont
quasiment toujours à l’heure, et parfois même en avance ! Oui, un Liégeois
doit le vivre pour le croire.
2.
« Ben t’as pas
d’accent ! »
Et oui mon pote : même si on reste
très fier de not’ patois wallon, les Liégeois ne se résument pas aux phénomènes
qui ont bercés nos séances « tévé » devant l’émission
« StripTease ». On se trahira encore à l’occasion, dès qu’on laissera
échapper un « oufti » ou un « nenni fieu ! »
maladroits.
Mais l’essentiel, c’est de pouvoir tromper l’ennemi en société.
3.
Redécouvrir le vin
S’il y a bien une chose que Bruxelles n’a
pas à envier à Liège, ce sont ses bars à vin !
La Cité Ardente a beau
pavaner avec son Saga mythique, La Parra ou le Verre Bouteille, la ville du Manneken nous bat à plates coutures. Allez, on se console en se disant que rien
ni personne n’arrivera jamais à la cheville de notre Carré, ses égouts, ses
odeurs d’urine, de bières séchées et tous les souvenirs inégalables
d’adolescence imbibée. (Et oui, les Bruxellois continuent de dire, encore et
encore, « au carré ». Ça nous laisse une bonne raison de leur filer
une leçon de langage à l’occasion.)
4.
Les Gauff’
Bon, il faut tout de même leur trouver un
défaut essentiel : les gaufres. Mazette, comment faire entendre à tous ces
Bruxellois de Satan qu’une gaufre digne de ce nom est forcément
liégeoise ?! Mâchouiller de l’air, enfermé dans une pâte qui croque et
noyé sous de la mauvaise chantilly, ce n’est pas de la gastronomie. C’est un
attrape-touristes qui se planque derrière un mets on ne peut plus noble.
5.
A l'échelle liégeoise
Chez nous, on peut se targuer de faire le
tour du centre-ville à pieds sans craindre une « cloche », parce
qu’on est des Valeureux, nous, monsieur ! Aller de la place du Marché vers
notre resto préféré en Roture ? Même pas peur, j’ai pris ma capuche. Ce sera
douloureux, mais je peux le faire.
Par contre, une fois à Bruxelles on se
demande un peu si les gens n’ont pas cherché à rallonger le monde avec des
planches. On laisse donc vite tomber sa paire de talons aiguilles et on s’offre
un compte Uber illico presto. On sera courageux l’année prochaine, bisous.
6.
Touriste, mode : ON
Quand on a grandi entre le Péron et la
fontaine aux lions, on est vite émerveillés, c’est vrai.
Si notre cœur
historique a tout de même de la gueule, notre orgueil doit bien reconnaître
qu’il vaut mieux ne pas juger Liège à son physique. Du coup, quand on
s’installe à Bruxelles, ça ne loupe pas. On s’émerveillera encore longtemps à
chaque fois qu’on mettra un pied au Mont des Arts, sur la Grand’Place (sans
Chinois et appareils photo) et qu’on passera devant le Cinquantenaire (surtout
de nuit). C’est quand même magique, une grande ville.
7.
Nouveau vocabulaire
Tu sais que tu es bien intégré à Bruxelles
quand tu comprends à quoi font référence les quartiers de
« Châtelain » ou « Flagey », et que tu situes bien la
différence entre le Grand et le Petit Sablon. Puis le top du top, c’est de
connaître le nom des stations de métro qui changeront ta vie de citadin version
adulte. Montgom’, Arts-Lois, et Trône n’ont plus de secret pour toi ?
Welkom fieu !
8.
Chanter le Monde
Vivre à Bruxelles, ça veut dire se prendre
chaque jour une jolie gifle de vivre ensemble.
Si, à Liège, on a tendance à se
retourner dès qu’on remarque que son voisin de table cause un joli espagnol
argentin, tout change à la capitale ! Ici, d’une rue à l’autre, on fait le
tour du monde.
Les mots chantent dans toutes les langues et ça fait rêver. Puis
ça nous donne des airs de New York à la Belge. Et ça, ça a quand même vachement de la gueule.
9.
Foreveur.
La capitale est sympa, remplie de gens
formidables, qui sont tout aussi capables de nous ouvrir grand leur cœur que de
nous foutre la paix les jours de grisaille. On est ébloui par tous ces restos
incroyables, ces bars à concept géniaux, les brunches à tous les coins de rue et
les boutiques sublimes qui ouvrent jusque tard le soir. Oui, vraiment,
Bruxelles, c’est chouette.
Mais quand même, rentrer à la maison de temps en
temps, pour s’enfiler un boulet-frite-mayo entre copains d’école, avant de
filer se murger la tronche sur les tables de la cour Saint Jean, ça restera
toujours magique.
Liège, mon amour.
Texte Lucie / Visuels Kath
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