Le Sioux Festival, le secret le mieux gardé de Liège



Tous les hédonistes liégeois s'accorderont pour dire que le week-end dernier, la ville était chaud-patate - ou devrais-je dire chaud-BOULETTE (comme le nom du blog, tu l'as ? Je pratique l'humour). Et l'action, elle était dehors : les terrasses bondées, les magasins s'invitant sur les trottoirs pour la braderie d'été, mais surtout… La musique qui résonne à chaque coin de rue. Car oui ma bonne dame, ce week-end, c'était le Sioux festival. Ou le Connexions Urbaines. Ou les deux. Ou peut-être que c'était la même chose. Enquête sur le terrain.

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Samedi dernier, par mes fenêtres ouvertes sur l'ambiance estivale, une brise légère caressa mon corps de rêve et interrompit ma léthargie caniculaire, pourtant bien entamée dans mon canapé et un onglet ouvert sur "Secrets d'Histoire". Eprise d'une envie soudaine de profiter de ma ville au soleil, je me souvins avec délice que c'était le jour du Sioux Festival. 

"Chic, ça fera un chouette article pour les Boulettes". 

En bon disciple de la génération Y, je consulte immédiatement l'évènement pour me faire une idée du programme.



Ok. Direction Outremeuse. Je décide d'un premier arrêt à l'Aquilone, où le prochain concert doit bientôt commencer (et qui accessoirement sert des bières à 2 euros). Sur mon trajet, je croise un type qui joue une pièce à des gosses dans un conteneur. Bien que ce spectacle insolite soit plaisant, je suis circonspecte : Ils parlaient pas de ça sur l'évent. Bizarre. 



Qu'à cela ne tienne, me voilà à l'Aquilone. Des gens papotent dans la petite cour revêtue pour l'occasion de fanions colorés (décidément le symbole universel pour la fête à Liège), mais l'ambiance semble un peu trop calme pour attendre un concert. Nouveau mystère. En quête de réponses, je pénètre à l'intérieur. Un monsieur me confirme en effet un concert, mais plus tard et pour un autre évènement : le "Connexions Urbaines". Ah, ok. Merci.



Bon, je me laisse pas démonter : j'ai un article à écrire. Ma conscience professionnelle me pousse à approfondir mes recherches. Attirée par des notes de jazz, mon oreille me guide sur la place du Tertre. Au moins, là y'a bien un concert, même si la map ne mentionnait pas cet endroit.
Et pour cause : c'est rempli d'affiches pour le Connexion Urbaines. Encore lui ! Malheur ! Arnaque ! Un sentiment d'infidélité émerge en moi. Je suis venue pour le Sioux, je refuse de le tromper avec cet usurpateur. Je-ne-plierai-pas. Même si j'aurais beaucoup de choses à dire sur cette mini-brocante adorable et cette femme en saroual qui souffle des bulles de savon géantes.

Perdue, désorientée, j'ai besoin de réfléchir. Ca tombe bien : Elise, Coline et Louise sont au Randaxhe. En terrain neutre, je mets de l'ordre dans mes idées autour d'une Curtius et leur expose mon désarroi (en écoutant quand même le concert jazzy de loin). L'heure tourne et je n'ai encore rien sur le Sioux. 

"Attends, regarde un peu sur l'évènement" - "T'as de la 4G ? C'est bizarre, y'a rien là" - "Je crois qu'il y a un truc dans une demi heure rue Roture, viens."

Je tente le tout pour le tout et fonce en roture (croisant au passage la vitrine du Rizhome à travers laquelle je vois le rangement du concert venant de s'achever… Lui il était vraiment sur le programme Sioux mais à force de tourner en rond je l'ai manqué, Pulitzer c'est pas pour tout de suite). Bingo ! Je tombe sur Psoman en plein live-painting dans la ruelle pleine à craquer. Je reste de longues minutes hypnotisée par la minutie de ce travail de titan puis je profite d'une pause clope pour lui poser la question fatidique : dans quel camp est-il ?

Horreur. Lui aussi est là pour "Connexions Urbaines". Mais qui sont-il à la fin ? Quel sont leurs réseaux ? Je suis désespérée. J'ai l'impression d'assister au trépas de David face à Goliath (version initiative culturelle locale mais quand même). Ma mission est un fiasco.
Visiblement interpellé par ma décrépitude franchement lisible sur mon visage, il me livre alors la réponse, le GRAND SECRET. 



Tout cela n'est qu'un tout, une entité, une coalition. TOUT EST LIÉ. La Terre, le feu, l'air, les fanions de la cour, le monsieur dans son conteneur, la meuf qui faisait des bulles géantes, le saxophone au concert de jazz, le petit fauteuil Emmanuel sur la brocante, l'acte manqué du Rizhome, la fresque, la bière à deux euros, tout !

Ironiquement, en repassant une dernière fois à l'Aquilone, j'ai assisté aux derniers morceaux du concert… qui clôturait la journée du Sioux. Ecoutez, on ne nait pas branque : on le devient. 


La conclusion à toute cette histoire, c'est que même si concrètement je n'ai rien vu - ou presque - du programme initial du Sioux (dans une tentative admettons-le pleine de bonne volonté, mais d'un échec cuisant), lui, en revanche, a tenu sa promesse. Il a joué à cache-cache avec moi toute la journée et m'a baladée dans tout le quartier Outremeuse à sa recherche. En sortant de chez moi, je suis partie à l'aventure et en traquant un évènement, j'en ai découvert une cascade d'autres dans un jeu de piste ravissant. Mais bon, maintenant j'ai plus besoin de vous expliquer pourquoi je suis tout le temps en retard aux rendez-vous. Promis, l'an prochain je serai là, avec un lexique.

TEXTE + ILLUSTRATIONS : Manka

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