Le nouveau coup de coeur de la mode liégeoise s'appelle Réda

coeur d'artichaut


Réda Faklani, pour être précis, instigateur du label éponyme Dare Reda à qui l'on doit notamment un t-shirt dont le coeur d'artichaut a déjà été adopté par Polo & Pan. Poétique, précieux et atypique, son univers séduit bien au-delà des frontières liégeoises, et on lui prédit un succès cousu de fil blanc. 

Il faut dire que l'audace, Réda Faklani a ça dans le sang. Petit-fils d'un révolutionnaire d'Algérie, il a comme son ancêtre le goût de l'aventure et une tendance à sortir des sentiers battus. Arrivé à Liège avec une maîtrise du français sommaire, il se bat, travaille d'arrache-pied et choisit d'étudier le stylisme à St Luc, où il présente une collection de fin d'études inspirée des oiseaux de paradis.

J'ai longtemps été obsédé par ces créatures, ce sont des bestioles qui sortent de l'ordinaire et peuvent reproduire n'importe quel son. Pour la collection, j'ai commencé à tricoter et à mélanger les colsons avec le tricot pour le côté couture, et un rendu final assez spectaculaire. 

Suffisamment extraordinaire pour lui valoir des stages chez les plus grands, à commencer par Jean-Paul Lespagnard, enfant terrible de la mode liégeoise, dont la première collection punk et poétique a été un franc succès à Hyères, lui ouvrant d'emblée les portes du milieu très fermé de la mode. Avant qu'il ne les ouvre à son tour à Réda, originaire comme lui de la Cité ardente et ardemment talentueux.



Effectuer un stage chez lui a été une opportunité incroyable car il est entouré d'une foule de gens passionnants qui ont pu me guider dans ma démarcher artistique. D'ailleurs, j'encourage tous ceux qui se destinent à une carrière dans la mode à multiplier les stages dès leur première année. 

Outre un passage riche en rencontres et apprentissages chez Jean-Paul Lespagnard, Réda a aussi eu le privilège de travailler dans l'atelier d'Iris Van Herpen, la couturière connue pour ses créations au croisement de la couture et de la sculpture. L'occasion pour le styliste venu de Liège de rencontrer Iggy Azalea ou Beyoncé, mais aussi et surtout de participer à la création d'une pièce exposée actuellement au Guggenheim.

Cette expérience a été quasi monacale, on travaille en silence dans l'atelier d'Iris, et c'est une ambiance que je n'ai jamais retrouvée ailleurs. A l'époque, elle était fascinée par le biomimétisme et je me suis inspiré du tatou pour créer une pièce en plexi flexible cousu sur du mesh. C'était l'époque d'Hunger Games et j'ai pu bosser avec Tilda Swinton, c'était dingue. 


En 2016, le retour à Liège (et à un drame personnel) n'en est que plus ardu, mais Réda n'est certainement pas du genre à se laisser abattre. Quand son job dans le prêt-à-porter le lui permet, il voyage, et c'est ainsi que sa route croise celle d'une usine textile en faillite au Maroc, et de ses ouvriers qui tiennent le piquet devant le bâtiment sans discontinuer. D'aucuns y auraient vu un drame social parmi tant d'autres, Réda y a vu une opportunité de les aider tout en lançant sa ligne.

Je me suis engagé à leur payer ce qu'ils demandaient, et à partager les bénéfices en deux avec eux. J'en ai marre des créateurs m'as-tu-vu, le système de la mode est arrivé à saturation, je voulais mettre en place quelque chose de tout autre. 

Et d'ajouter avoir eu envie d'un projet "plus humanitaire", sans chercher le succès à tout prix. Sauf qu'avec son t-shirt brodé au message joliment romantique, il semblerait bien que le succès l'ait trouvé,  et il est amplement mérité, car les créations signées Dare Reda ne sont pas belles qu'à l'extérieur.


"Je voulais créer un beau réseau de production qui respecte les gens, chaque pièce a été brodée de A à Z par une seule personne. En marocain, "Dare" signifie aussi bien "oser" que "maison", et cela correspond bien à ce que j'ai voulu mettre sur pied". Une maison qui a du coeur, et dont on shoppe le t-shirt en ligne ou chez Wattitude pour afficher fièrement la couleur.

Texte Kath / Photos Dare! Reda


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