Politique et pékèt : l'interview barquette de Gilles Foret


Gilles Foret, c’est un peu la version liégeoise du Golden Boy. Mouvements de jeunesse, club de sport, études universitaires et même un peu de guindaille au passage. Pas encore son diplôme de droit en poche que déjà, il siège au Conseil communal. Voilà de quoi faire la fierté de ses parents, eux-mêmes militants libéraux. Une implication qu’il n’a pas démentie depuis.

Réélu au Conseil en 2006 et en 2012, ainsi qu’à la Chambre des Représentants en 2014, Gilles Foret est aussi Président du MR Liège. A 40 ans, le numéro deux des Bleus liégeois est déjà ce qu’on appelle un vieux briscard en politique.

En a-t-il pour autant perdu la candeur de la jeunesse ? Dans les choix de sa barquette (plus d’infos sur le concept ici), Gilles Foret reste prudent : un pékèt nature (sur Liège), un péket violette (une question personnelle), un pékèt framboise (sur l’idéologie de son parti), un pékèt melon (ses bonnes adresses) et un pékèt caraïbes (un rêve un peu fou).

Arrivé bien à l’heure, nous débutons l’interview sans tarder. Ce soir, il y a débat à l’UCM et le temps m’est compté. D’emblée, je lui tends un pékèt violette.

Moi petit, je rêvais d’être Indiana Jones. Vous, vous dites que vous vous passionnez pour le secteur du transport et de la logistique depuis l’âge de 14 ans. D’où vous vient cette passion ?

Bonne question. J’ai toujours aimé m’investir dans des mouvements de jeunesse, puis des mouvements politiques, gérer l’organisationnel et cette partie a pris le pas. Derrière cela, il y a aussi l’envie de voyage, d’évasion et de découverte. Puis ça a fini par devenir partie intégrante de mon développement personnel et professionnel.
J’avais 14 ans dans les années 1990, ça coïncide aussi avec le développement de l’aéroport de Bierset.
Après mes études, j’ai fait un stage à l’aéroport de Paris, j’ai ensuite travaillé à la Chambre de commerce et j’ai dirigé l’agence Adecco en charge du recrutement au sein même de l’aéroport de Bierset. Plus tard, j’ai également siégé au conseil d’administration de l’aéroport de Liège, du port de Liège et puis, à la Chambre, au sein de la commission infrastructures ferroviaires.

Mais en pratique, que ressort-il de cette passion dans la gestion quotidienne de la ville ? C’est qu’à Liège, la mobilité est presque devenu une bête noire. La meilleure façon de le savoir reste encore de lui poser la question. Et hop, pékèt nature pour tout le monde.

De la logistique à la mobilité, il n’y a qu’un pas. Vous en faites une de vos priorités. La majorité des Liégeois la trouvent catastrophique. Que leur répondez-vous ?

La mobilité à Liège est en pleine transition et si on ne fait rien, on va continuer à aller dans le mauvais sens. Les pouvoirs publics, les sociétés de transports en commun et la technologie doivent venir au secours de la mobilité.
Je n’aime pas opposer les modes de transport les uns aux autres. Il faut avancer en recherchant la complémentarité des moyens de transport, tout en assurant la liberté du choix. C’est sûr qu’il y a aujourd’hui une réflexion à mener sur la place de l’automobile, mais il faut le faire en prenant en compte les différentes réalités. Il y a Liège ville, et puis il y a les alentours et là, on n’a pas toujours d’alternative. L’automobile, c’est aussi la voiture partagée ou les voitures électriques. Il faut considérer toutes les alternatives.
Je ne veux pas être un radical, ni dans un sens, ni dans l’autre. 
Il faut également être attentif à ce que l’on propose. La piste cyclable place du XX août, j’ai appris l’existence du projet quand on s’est mis à la construire, mais j’avoue avoir du mal à voir la cohérence. Maintenant, c’est clair qu’il faut encourager les deux roues. Les non-motorisés comme les motorisés. J’ai eu l’occasion de faire un périple le long de la Meuse. Quand on voit les infrastructures aux Pays-Bas, c’est autre chose que chez nous.


Concrètement, que peut-on mettre en place ?

Premièrement, on peut travailler sur les transports en commun. Le bus, le tram, mais aussi le train. Trois nouvelles gares viennent d’ouvrir. A Seraing, à Ougrée et à Chaudfontaine. Il faut aller jusqu’au bout de la logique. Penser les lignes de bus et les pistes cyclables en fonction. Quand on voit les difficultés que ça crée aux Guillemins, on en est encore loin. Les transports en commun doivent être confortables et performants.

Deuxièmement, il faut intégrer à la mobilité tout ce que peuvent apporter les nouvelles technologies. Les voitures partagées, mais aussi les vélos ou encore les trottinettes. L’économie de partage révolutionne nos façons de faire. Aujourd’hui, on ne veut plus nécessairement être propriétaire.
Personnellement, je vais à Bruxelles en train. Avant, nous avions deux voitures à la maison, mais aujourd’hui, une seule suffit.
Troisièmement, il faut aussi prévoir des itinéraires sécurisés. A l’heure actuelle, je ne prendrais pas mon vélo pour aller à l’école avec mes enfants. Même si, bien entendu, il faut prendre en compte la réalité historique et géographique de la ville de Lège.

Voilà pour la mobilité. La barquette a parlé. Mais qu'en est-il de ses autres combats ? N'y allons pas par quatre chemins. Chaque parti a ses étiquettes, et le MR n'échappe pas à la règle. En tant que président des libéraux ardents, comment Gilles Foret y répond-il ? Je nous sers à tous les deux un pékèt framboise et l'interview continue.

On dit souvent du MR qu’il est le parti des riches. Pas de fumée sans feu ?

Il suffit de regarder les personnes qui composent les listes pour se rendre compte qu’elles ont des parcours et des profils variés. Nous sommes un mouvement composé de personnes avec des horizons variés, mais qui agissent de manière complémentaire.

Après, nous avons dans nos valeurs l’épanouissement individuel et l’émancipation, sans dépendre de la collectivité. Nos valeurs sont aussi celles de la responsabilité, de la liberté et de la gestion en bon père de famille.
On souhaite que chacun s’émancipe en vivant de sa passion.
La solidarité, il faut pouvoir la financer, notamment en créant des emplois. C’est tout le débat qui se joue maintenant avec les socialistes. Il faut pouvoir créer de la richesse. Le pari du MR, c’est de développer l’activité économique.

Etiquette ou pas, comme on dit, on n'est jamais riches que de ses amis. Et Gilles Foret, lui, c'est quoi ses bonnes adresses pour faire la fête avec ses proches ? Le moment est venu de s'attaquer au pékèt melon qui traine dans nos barquettes.

En cas de victoire électorale ce dimanche, quels sont les meilleurs endroits à Liège pour fêter ça ?

La tradition, c’est de célébrer ça à la maison bleue en Vinâve d’Île. Depuis que je suis militant, c’est là que je vais. Il s’agit avant tout d’un lieu de ralliement pour les militants. Je suis président du MR Liège depuis 2013 et la cohésion entre les membres est pour moi essentielle. Donc le 14, c’est là que je serai. Après, on verra.

Dans les jours à venir, c’est aussi sûr que je ferai un gueuleton avec mes collaborateurs et mes proches. Ils l’ont bien mérité. Depuis fin décembre, on cravache.
Pour moi, c’est la campagne la plus éprouvante depuis que j’en fais.
Et c’est quoi un bon gueuleton ?

J’aime encore bien cuisiner et recevoir chez moi, avec des produits bios, par exemple en provenance de la Ferme de l’arbre ou Al Binette. Sinon, à Liège, j’aime encore bien l’Asti dans une certaine mesure.

C’est quand même très sage…

C’est vrai, mais j’aime cuisiner. Après, je ne dis pas non à un petit Huggy’s de temps en temps, mais il faut se surveiller, ou une viande au sabot d’Hélène. Sinon, lorsqu’il s’agit de faire la fête, c’est un peu partout à Liège. Il y a des quartiers que j’aime bien, comme celui de la rue Souverain Pont. J’ai par exemple fêté mon anniversaire de 39 ans à la Cour des carrioles.

Dans les barquettes, il reste un pékèt Caraïbes : un rêve fou, une utopie. Alors que je le tends à mon invité, ma question est toute trouvée. C'est qu'en termes d'idées originales, Gilles Foret a fait fort lorsqu'il s'est agit de d'imaginer l'avenir de Cockerill.  


Vous aviez développé l’idée de réhabiliter le site de Cockerill en le transformant en parc d’attraction. On y trouverait quoi exactement ?

J’ai fait l’exercice d’y réfléchir et de développer l’idée, même si je suis conscient des obstacles, comme la pollution ou les coûts que cela impliquerait. Je m’étais toutefois dit que l’on pourrait y développer un parc autour des quatre éléments. L’eau, avec la proximité de la Meuse. Le feu, en raison du lieu. La terre, avec tous les enjeux liés à la dépollution des sols et l’air, qui ferait écho aux problématiques de la qualité de l’atmosphère.
Pour être honnête, c’est une idée qui me vient de famille, à force d’entendre ma fille me parler de parcs d’attraction lorsque nous longions les berges en voiture. 

Je ne suis pas le seul à avoir eu cette idée. Mais c’est plus un exercice qu’autre chose. On parle de sauvegarder le haut fourneau et je pense que ça passe par une forme de développement économique sur place. C'est une idée qui fait sens, mais je suis conscient des sommes que cela nécessiterait. La zone y serait propice, avec la proximité du Standard, projet de salle de concert, la navette fluviale ou le téléphérique vers le Sart Tilman. 

L'interview touche à son terme, de même que la campagne électorale. Du moins, pour ce qui est des élections communales et provinciales. Nous, chez Boulettes, on espère que ces quelques morceaux choisis vous auront aidé à démystifier la politique et on n'a qu'une hâte. Celle de continuer l'exercice après le scrutin. Mais ce dimanche, dans l'isoloir, c'est à vous qu'il revient de faire un choix. Alors, bonne chance à tous. Et que le meilleur gagne. 




Les pekets consommés durant l'interview sont fournis à titre gracieux par Patrick Constant, aux commandes de la distillerie de l’Espérance commerciale, qui fabrique à Montegnée le pékèt depuis plus de 180 ans, qu’il soit traditionnel ou remis au goût du jour. Loin d'encourager l'abus d'alcool sous quelque forme, l'interview barquette est prétexte à un moment de convivialité... et les interviewés ne sont nullement obligés de boire tous leurs pékèts. 

Texte : Clément

Photos : Kath

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