Peut-être que Clara Luciani ne viendra plus jamais en concert à Liège

reflektor liège

Le 14 novembre dernier, Clara Luciani était au Reflektor, et nous aussi. L'occasion d'applaudir une artiste précieuse, qui ne se contentent pas de chanter mais d'enchanter. Plus qu'un concert, un instant de grâce. 


Car elle a beau avoir explosé sur la scène musicale avec sa Grenade qui parle de femmes qui se battent, Clara Luciani en a, de la grâce. L'élégance des timides, aussi, qui se cachent derrière une attention ou un sourire pour masquer un manque de confiance. Qu'on s'étonne de sa disponibilité malgré la célébrité et elle répond que quand même, ça va, elle n'est pas Lady Gaga. Peut-être (tant mieux?!), mais tout de même, depuis la sortie de son album Sainte Victoire cet été, les accolades s'enchaînent; entre les félicitations admiratives de Françoise Hardy et une invitation à se produire à l'Elysée. Ni gaga ni moins, Lady Clara a gardé de son Sud natal un tempérament solaire et chaleureux, et se prêter au jeu de l'entretien avec elle fait l'effet d'un bain de soleil.

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Passionnée de lecture, elle avoue avoir vécu ses premiers émois à la lecture de "L'amant" de Marguerite Dumas, et être une inconditionnelle de poésie, le meilleur moyen d'évasion selon elle. Le rideau de cheveux brillants et les yeux noircis de kohl, c'est pour mieux cacher une hypersensibilité, à l'encre de laquelle elle a écrit toutes les chansons de son album. On voudrait fredonner le refrain sa "Drôle d'époque" comme un manifeste politique contre les temps agités que l'on vit, mais elle avoue que l'inspiration derrière la chanson c'est cette silhouette androgyne qu'elle a eu tant de mal à apprivoiser à l'adolescence.


J'étais confrontée en permanence au fait de ne pas répondre aux normes de la femme idéale, et ça m'a fort complexée. En devenant adulte, j'ai réalisé que je n'avais aucune envie d'être une femme parfaite. 
Pas besoin de poitrine voluptueuse pour avoir du coffre, et Clara Luciani le prouve sur scène, transcendant la salle de sa voix chaude et grave.

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Au Reflektor, ce soir là, le public était aussi éclectique que le dressing de Clara, grande amatrice de fripes et de vintage. Entre le soundcheck et le concert, elle avait troqué pull et jupe ("je n'en mets jamais normalement, les garçons n'en reviennent pas que je sois habillée comme ça") pour un pantalon taille haute ("mon vêtement préféré") et la jeune fille souriante et curieuse pour son alter ego, une artiste qui en jette, mais qui n'oublie pas de dialoguer avec le public et de le faire rire au passage.

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Les tubes s'enchaînent, la grenade explose mais il ne s'agit là que d'un fragment de son arsenal, et de La Baie à Eddy, elle fait danser et chanter un public conquis. On ne meurt pas d'amour, d'accord, et celle qui se décrit comme "un véritable coeur d'artichaut" en sait quelque chose, mais quand même ça se pâme dans la salle, et l'amour que suscite Clara Luciani est perceptible. Certainement pas Lady Gaga, non, mais tout de même, on sent que l'interprète de La Baie est au bord d'une falaise, le précipice étourdissant de la célébrité. Et la réalisation s'accompagne d'un frisson: peut-être qu'elle ne viendra plus à Liège, que le succès va l'éloigner et la pousser à se produire uniquement dans les grandes salles de la capitale? Une sainte victoire méritée, mais quel échec pour son public liégeois, ardemment conquis.

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Heureusement, Clara se veut rassurante, affirme être face au meilleur public du monde, enchaîne les rappels, et offre en cadeau de départ sa splendide reprise de Blue Jeans. L'occasion de sussurer un "je t'aimerai jusqu'à la fin des temps, Liège". Et nos coeurs de vibrer.

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