Pour Yophine, être infirme motrice cérébrale n'est pas un handicap au mannequinat



Il y a des rencontres qui vous font réfléchir, même si la personne que vous avez en face de vous pourrait être votre petite soeur avec ses dix ans de moins. C'est ce qu'il s'est passé avec la jeune Yophine, une jeune liégeoise âgée de 18 ans.


Née prématurée, Yophine est infirme motrice cérébrale ; la partie de son cerveau gérant la mobilité de son corps ayant été endommagée par une hémorragie. Depuis son enfance, elle a subi de nombreuses opérations, l'hôpital était devenu sa deuxième maison. Médecins, infirmières, kinés psychologues et séances de rééducation ont toujours fait partie de son quotidien.

Forte, souriante, pétillante, obstinée, un brin culottée et admirative de Beyoncé et de ses engagements, la jeune femme étudie à l'IPES spécialisée de Micheroux, une école adaptée aux enfants handicapés physiquement, perchée sur les hauteurs de notre Cité ardente.  Avant d'arriver là, elle a fait ses primaires dans une école ordinaire, où elle s'est vite rendue compte que ce n'était pas facile de se faire accepter, tant par les professeurs que les élèves.



Passionnée par les voyages dans lesquels elle puise son énergie et grâce auxquels elle se sent libre, Yophine s'est déjà rendue au Congo, à Londres, à Disneyland Paris, aux Etats-Unis et dans bien d'autres pays. Quand j'ai parlé de ses voyages avec elle, je me suis sentie bien bête avec ma peur inconsidérée de l'avion. 
Yophine m'a ouvert les yeux sur les merveilleuses possibilités qui s'offrent à nous et m'a permis de me rendre compte que je cherchais des excuses pour ne pas en profiter. Trop loin, vol trop long, trop d'organisation, alors qu'il suffit d'oser.

En plus de cette passion qu'elle a développée pour le voyage, Yophine rêve secrètement d'être mannequin pour des défilés, depuis qu'elle est âgée de treize ans. Un défi qui peut sembler inaccessible pour beaucoup de monde, tant cet univers est fermé et impose des critères stricts de taille et de poids. 

Persuadée au fond d'elle que c'était possible, Yophine s'est emparée de son arme préférée, son audace, et s'est finalement retrouvée sous les feux des projecteurs du défilé d'Ethno Tendances Fashion Week, à Bruxelles, qui prône la diversité culturelle dans la mode, en octobre dernier, après un premier défilé avec l'association « L'Envol »en 2011. La recette de la réussite serait-elle de croire en ses rêves ?

«  Je considère mon handicap comme une force » me confie-t-elle. 
« Quand vous commencez à ne plus faire attention à ce que les gens pensent de vous, tout devient plus facile et les portes s'ouvrent. J'ai toujours pensé que j'avais ma place dans la société, comme n'importe qui d'autre. Mon handicap ne me freine pas et ne bride pas mes rêves. »



La prochaine étape ? Elle s'imagine faire la couverture d'un magazine de mode.  

On ne vit qu'une fois ! Il faut foncer pour réaliser ses rêves. Coûte que coûte !. 

Elle a déjà d'ailleurs contacté de nombreux magazines comme GaëlFemmes d'Aujourd'hui, ou encore Closer en leur expliquant son parcours. 
Elle a aussi contacté le Vogue Paris dans le cadre d'un concours « Top Model de Demain »
Refusée, elle a répondu à la directrice du casting qu'elle était déçue que toutes les mannequins se ressemblent au sein de son magazine. Culottée, on vous avait dit !



En attendant, nous, on lance un appel aux magazines féminins qui auraient envie de nous changer des mannequins photoshopés !  La beauté de la diversité, ça nous parle et on adorerait voir ce brin de femme inverser la tendance des clichés. En cover du Vogue, elle me l'a murmuré.

En résumé, Yophine nous insuffle une sacrée dose de courage, de motivation et de girl power.
Toi qui aujourd'hui t'es trouvé des excuses pour ne pas oser réaliser quelque chose qui te tient à coeur, repense à Yophine. Peut-être que demain, tu écriras aussi à Vogue Paris.

TEXTE + PHOTOS : Jehanne


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