Article: Kath / Photos : Charly
La dernière fois que j'ai vu Benoît, c'était en humanités. A l'époque, il gravitait dans l'orbite d'une bande de potes amoureux de musique qui allaient devenir les Kennedy's Bridge.
Depuis, Benoît a tracé son chemin entre Liège et Bruxelles et s'est fait un nom dans le milieu artistique.
Le clip à l'ambiance envoûtante de Way to the Mist qui a fait décoller les Kennedy's Bridge? C'est lui!
Les beats entêtants d'ULYSSE qui ont séduit les festivaliers de Dour et des Ardentes? Encore lui!
Quand on l'a rencontré il y a deux jours, il sortait tout juste d'un rendez-vous professionnel. Fraîchement diplômé de l'IHECS, Benoit jongle avec les demandes du statut d'indépendant depuis quelques mois.
Avant d'aller finir le montage du premier clip d'Ulysse, il a accepté de nous boire un verre avec nous pour profiter des derniers rayons de soleil de la journée. Rencontre avec un touche-à-tout à la créativité débordante.
* * *
" J'ai étudié la publicité à l'IHECS, mais je ne me vois pas du tout travailler là-dedans. Être un simple maillon dans la chaîne de la créativité, ça ne m'attire pas, je ne veux pas me sentir entravé.
Depuis que je suis tout petit, je suis fasciné par l'univers de la créativité, le monde de la musique, de la photo,...J'ai commencé à prendre des clichés en première année à l'IHECS. La vidéo, j'y suis arrivé par l'intermédiaire de la photographie."
S'il a quelque peu délaissé la photo pour la vidéo, il est récemment revenu à ses premières amours.
Le résultat? Le projet "Brève du quotidien", une série de photos poétiques qui capturent avec brio la
magie ordinaire.
" Je déteste les portraits figés. Ce qui me plaît c'est l'improvisation, capturer des instants volés"Un côté roots qui se retrouve dans son travail.
Quand on lui parle du clip de Way to the Mist, le sourire de Benoît en dit long sur ce qu'il pense de sa première réalisation. " Ca faisait longtemps que j'avais envie de me lancer et de réaliser un clip. Les Kennedy's Bridge, je les connais depuis longtemps, et c'est tout naturellement que je leur ai proposé de réaliser une vidéo pour Way to the Mist. On a fait ça entre potes, tout ceux qui ont participé, des musiciens aux acteurs, c'est ma bande d'humanités".
Bien que le résultat soit ultra léché et ait contribué à créer un buzz énorme autour des Liégeois de KSB, le tournage s'est passé de manière un peu improvisée.
" On a tourné le clip en un jour. A la base, on devait filmer les scènes avec Aline -la bombe qui électrise le héros du clip, ndlr- un autre jour, mais on a eu fini plus tôt alors on l'a appelé. C'était une première pour nous tous, donc on a du pas mal improviser. Pour les scènes de travelling, il nous fallait une caméra "en mouvement", mais on n'avait pas le matériel. On a bricolé un truc avec une échelle de chez Ikea, une planche et des roulettes de roller...La scène où Aline danse devant le ciel étoilé, c'était simplement un projecteur braqué sur elle"
Dès la diffusion du clip, les réseaux sociaux se sont affolés. "C'était dingue pour nous. On n'y connaissait pas grand chose dans le milieu, on ne s'attendait pas à faire le buzz comme ça. On était tout fous, on n'arrêtait pas de se téléphoner pour en parler, on hallucinait en voyant les vues grimper!"
Depuis ce succès inespéré, Benoît a continué à réaliser des clips, notamment celui de Finland, le dernier hit de Kennedy's Bridge.
Mais aussi la vidéo de Wounds, la chanson phare d'ULYSSE, le groupe qu'il a créé avec deux amis.
" Ce clip, ça faisait longtemps qu'on se disait qu'il fallait le réaliser, plus d'un an. Pour moi ça a été très difficile: quand on crée pour soi-même, ça ajoute une difficulté. Finalement, une fois qu'on a commencé à vraiment s'y mettre, les choses se sont faites organiquement.
Je savais que je voulais travailler avec Gilles: il a une vraie gueule et des mimiques géniales. Il était parfait pour le clip. On a filmé sur plusieurs semaines, dans différents endroits".
" C'était complètement inespéré. On avait participé aux tremplins pour les jeunes artistes, et on a gagné des deux côtés. Aux Ardentes, on était "à la maison", il y avait tous nos potes, ceux avec qui on a grandi...Dour, c'était dingue. On jouait très tôt, donc on s'attendait à jouer devant un public très réduit, mais au fil du set, les festivaliers sont venus en masse".Un belle réussite pour ces autodidactes. "On jouait chacun de notre côté, et on s'est dit qu'on essaierait bien de jouer ensemble. Le problème avec la musique électronique, c'est que ça casse tous les codes. Ce n'est pas comme dans la musique traditionnelle où on ajoute des couches différentes, la guitare, la voix, la batterie...Ici, il faut arriver à faire un ensemble cohérent, sans empiéter sur le terrain des autres membres du groupe"
Une cohabitation forcée entre différents tempéraments artistiques qui donne parfois lieu à d'heureux accidents: "Pour Wounds, Arnaud avait enregistré un riff de guitare à la roots sur son ordi. Il joue de la guitare électrique, mais il ne l'avait pas branchée, il enregistrait juste vite fait sur le micro de son Mac. C'est autour de ce riff qu'on a construit la chanson. Quand on est allés en studio, on a voulu le réenregistrer correctement mais l'ingé son nous a dit qu'il préférait le laisser comme ça. Des blogs ont essayé de deviner de quel instrument il s'agissait, j'ai même lu une théorie comme quoi ce serait du sitar...Et non, c'est juste une guitare électrique enregistrée n'importe comment!"
Entre son groupe, ses projets vidéo perso et ceux qu'il réalise pour des entreprises, Benoit est fort demandé. Basé à Bruxelles depuis quelques années, il fait néanmoins l'aller-retour hebdomadaire vers Liège. " Même si je n'habite plus ici, Liège garde une place particulière dans mon coeur. Ici, je me sens comme à la maison. Liège est un petit microcosme, tout le monde connait tout le monde. depuis quelques années, plein de super chouettes initiatives se mettent en place, ça fait plaisir à voir".Nous aussi Benoît, ça nous a fait plaisir de te voir - pour découvrir le clip d'ULYSSE, c'est par ici:
Les bonnes adresses de Benoît
- Chez Bibiche : "situé en plein Little Africa, ce café est dingue.
Avec mes potes, on aime bien aller se poser là bas de temps en temps. Ils te servent la bière dans des mendiants, pour 2 euros 50, tu as ta bouteille et ton verre...Ou parfois ta tasse! Ils servent de la chèvre avec l'apéro, c'est ultra
piquant mais super bon!"
- Le Squid Studio: "le studio d'enregistrement de notre pote Yannick. Il est hyper sympa et il fait du super boulot. Une adresse à retenir pour tous les musiciens liégeois! "
Aucun commentaire