C’était aussi l’occasion de revenir sur les origines de Sauvage Sauvage, qui coïncident avec celles de la carrière musicale de Benoît Lizen. En effet, il y a quelques années, alors qu’il s’occupait de la régie lors d’un mariage, Arnaud a filmé la prestation de Benoît qui y chantait, et qui participe depuis au collectif. La machine était lancée : Sauvage Sauvage a alors réalisé avec lui son premier clip « officiel », tout enneigé.
SAUVAGE ! SAUVAGE ! WE ! VIDEO ! MAKER !
Depuis environ 6 ans, donc, Sauvage Sauvage réalise principalement des clips, et ce par dizaines. Mais le collectif a aussi produit un court-métrage –Martin, tout en poésie et en mélancolie, et lauréat du Grand Prix du festival « Le Court en dit long » en 2012– ainsi que pas mal d’autres vidéos sur le côté. Notamment pour le Microfestival, festival Liégeois convivial, petit par la taille mais grand par le cool, dont ils signent à peu près chaque année le teaser (d’ailleurs, la version 2016 sort cette semaine).
"Martin", l'unique court-métrage de Sauvage Sauvage |
Ce qui a motivé Raph à se lancer dans la vidéo, « c’est le clip Burnin de Daft Punk » –et ce qui a motivé Arnaud, « c’est Raph ». Réunis au départ par le désir commun de réaliser des clips, le trio initial cumule d’autres boulots sur le côté : prod’, illustration, graphisme… Une réalité pour beaucoup de créatifs, même si Sauvage Sauvage reste de loin leur activité principale, à la fois job à temps plein et envie première.
This video has been directed and produced by Sauvage Sauvage collective.
No matter who's doing what, we're shooting videos as a clan.
Là où Sauvage Sauvage porte bien son nom, c’est pour son côté débrouillard, un peu à l’arrache et bricolage lors des tournages : au niveau des décors, de la récup’ ou lorsqu’il s’agit de dénicher un accessoire loufoque –qu’il s’agisse d’un cercueil gratuit ou de 80 kg de viande fraiche. C’est toujours un peu un challenge, comme lorsqu’il s’agit d’apprendre à manipuler du latex ou à fabriquer avec les moyens de bord des centaines de litres de faux sang ou de sperme, « Mais attention ! Aux fruits exotiques pour que ce soit quand même bon » précise Pascal concernant le faux liquide séminal.
Un certain sens de la débrouille, donc. « Souvent, on ne peut pas se foirer » : inutile de préciser que déverser des litres de gouaches pour les biens d’une vidéo ne peut pas se répéter à l’infini.
A l’arrache parfois, mais toujours pro. Car le matériel est de qualité, l’équipe sérieuse, et le résultat, toujours surprenant et créatif. Autant de raisons qui, peut-être, font qu’artistes et groupes continuent de venir solliciter Sauvage Sauvage pour la réalisation de leurs clips, et rarement l’inverse. Il faut que le morceau leur plaise pour que le collectif puisse bosser dessus, c’est la condition fondamentale.
Ça et la liberté, revendiquée et exigée : « Il faut obligatoirement qu’on s’amuse, donc ça doit être carte blanche quand on accepte de faire un projet » note Pascal, avant d’ajouter : « On essaie de coller au mieux à l’esprit du groupe, du morceau, qu’on écoute à n’en plus pouvoir jusqu’à ce que les idées émergent ». Arnaud acquiesce : « C’est cette liberté qu’on demande qui fait qu’on arrive à des clips dont on est contents ».
…Et dont les groupes sont contents aussi. Parce qu’ils s’amusent en les faisant et que ça se sent. Le groupe The Blind Shake, qui avait complètement flashé sur l’esthétique de Martin, leur a d’ailleurs commandé un clip 100% libre, sans aucune directive, sauf de coller à l’image du court-métrage. Résultat ? Une super expérience, que le groupe a adoré, et pour lequel Sauvage Sauvage s’est définitivement bien marré.
Le clip vidéo comme format de prédilection « qui permet de se faire plaisir », donc.
Et de tous ces clips qu’ils ont créés, lesquels seraient leurs préférés ? Probablement The Best Burger pour The Experimental Tropic Blues Band – complètement barré, beaucoup de boulot mais définitivement un de leurs meilleurs tournages– ou bien la vidéo réalisée pour The Blind Shake, justement. Tournée lors d’un rassemblement américain made in Belgium réunissant tous les clichés du genre, entre pneus brûlés et grosses cylindrées. Où le collectif est parvenu à convaincre les participants de se prêter au jeu et de chanter en lipping dans le clip, non sans avoir organisé une grosse fiesta auparavant.
A Liège, vous pourrez éventuellement les croiser à des concerts des supers labels liégeois Jaune Orange ou Honest House, ou peut-être bien autour d’un café chez Grand Maison –où Pascal officie aussi derrière les fourneaux. On a pas réussi à départager qui de lui ou Raph faisait les meilleurs boulets liégeois, mais concernant la relation qui lie le collectif Sauvage Sauvage et la Cité Ardente, entre galères, copinages et bons plans, les trois gars de résumer ainsi :
« On a bien bon »
Ça, c’est dit.
Toutes leurs vidéos sont visibles sur :
Viméo
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