Parce qu’il
n’y pas que des Liégeois aux Ardentes, nous avons adoré rencontrer les Moaning
Cities après leur prestation remarquée dans l’Aquarium, ce 9 juillet.
C’est qu’avec son rock psychédélique, le jeune quatuor bruxellois a su embarquer les ardents festivaliers dans un autre espace-temps... à l’heure du goûter.
Et ils l’annoncent d’emblée : les Moaning Cities adorent jouer à Liège ! Mais qui sont donc ces mystérieux globe-trotters ? Interview sur un banc avant la sortie, en septembre, de leur deuxième album.
Présentation
de Tim Sinagra par Juliette :
Présentation
de Valérian Maunier par Tim :
« Frère
de Juliette, attiré par la littérature anglo-saxonne, grand adepte des voyages
au long cours, et accessoirement chanteur-guitariste de Moaning Cities. »
Présentation
de Melissa Morales par Valérian :
« Batteuse
inspirante qui déchire, styliste à ses heures perdues, grande cuistot du matin,
créature de la nuit et spécialiste des plats à l’ail. »
Présentation
de Juliette Meunier par Melissa :
« Superbe
bassiste, très mélodique, et l’une des plus belles personnes au monde que je
connaisse. On a juste envie d’être près d’elle. »
Les impressions à chaud sur le concert offert au public des Ardentes ?
« C’était
bien l’fun ! », s’exclame Tim. « On ne s’attendait pas à autant
de monde et on a senti un public attentif, réceptif, curieux. »
« Cette
salle ne s’appelle pas l’Aquarium pour rien », ajoute Valérian. « Le
son part dans tous les sens. On a beaucoup aimé que le technicien lumières
respecte cette ambiance assez noire, comme si on était dans une cale de bateau,
avec le public souvent éclairé, ce qui permettait d’avoir un contact cool avec
les gens. Je pense qu’il y a eu une chouette énergie. »
« Moaning
Cities » signifie « les villes qui se lamentent ».
Un nom dont la signification serait plutôt poétique ou politique ?
Un nom dont la signification serait plutôt poétique ou politique ?
« Poésie !
Poésie ! Poésie ! », répondent-ils en chœur. « C’est
poético-politico-romantico-désespéro-ironique en fait. Ce sont des villes qui
se lamentent d’être des villes. Au sein du groupe, nous avons tous nos moments
de suffocation où on se dit qu’on en a marre de la ville et qu’on a envie
d’aller au calme, au vert. D’ailleurs quand on compose, on va au milieu de
nulle part. Et en même temps, on aime la ville, c’est un contraste, une espèce
de relation d’amour-haine. C’est une bonne énergie mais qu’il faut des fois
fuir pour pouvoir couper. »
Vous
êtes tous de grands voyageurs. Quelles sont vos villes (gémissantes ou non)
préférées ?
Tim : « Moi
j’adore Varanasi en Inde, Florence et Sienne. Bruxelles aussi. Et
Istanbul. »
Melissa :
« Liège ! Clairement Bruxelles. Et je vais souvent à Venice en
Californie pour l’énergie qu’il y a là-bas, les peintres, les musiciens, le
métissage artistique. »
Valerian :
« J’aime bien les villes britanniques, comme Glasgow. Je trouve qu’elles
dégagent quelque chose de particulier. Des villes américaines aussi. C’est une
expérience très différente de traverser une ville ou d’y rester régulièrement
comme le fait Melissa. Tout dépend de la disposition et du temps qu’on a.
N’importe quelle ville peut avoir des côtés touchants. »
Juliette :
« Spontanément, je dirais que j’adore des villes où il y a encore de
l’artisanat à l’échelle locale, comme en Afrique du Nord. Et puis Porto avec
ses pêcheurs, ses rues en quinconce...* »
Si
on vous parle de Liège, quelle est la première chose qui vous vient à
l’esprit ?
« Les
boulets chez Lequet, le Carré, la fête, le 15 août, la bonhomie, le fromage de
Herve, le sirop de Liège… Et le snack Le Routier sur le boulevard d’Avroy où
ils font de super frites ! »
Une
des particularités de votre groupe est la présence du sitar**. Pourquoi cet
instrument, atypique ici ?
Tim
explique : « C’est un choix vraiment
naturel. Je faisais déjà de la guitare lorsque j’ai écouté un CD de Ravi
Shankar, et une porte de marbre s’est ouverte sur un autre monde caché. Je me
suis rendu en Inde et j’ai commencé à travailler avec un maître à Bénarès, la
ville où les gens viennent mourir pour arrêter le cycle des réincarnations et
atteindre un nouveau stade de l’existence. C’est un peu un mouroir et en même
temps une promesse de vie magnifique. Il y a ce contraste extraordinaire entre
un mourant et un enfant tout jeune qui chante la vie sur les bords du Gange.
C’est une expérience existentielle de plusieurs semaines très particulière et
très profonde. »
« La
rencontre avec Tim a amené le sitar dans nos compositions », précise
Valerian. « C’était son rêve d’amener cet instrument dans une musique
plus occidentale. Quand on s’est rencontrés, on avait un seul morceau qui était
en ré, la bonne tonalité pour le sitar. Tim l’a arrangé chez lui et c’était une
évidence. Pour nous, la « mission » consiste à réussir à faire
cette fusion d’une manière qui nous ressemble tout en se réinventant à chaque
fois. Il ne faut pas que le sitar devienne juste un artifice. C’est ce que je trouve
à la fois chouette et difficile. »
Passe-t-on
facilement de la guitare au sitar ?
« La
guitare et le sitar sont deux instruments fort différents », ajoute Tim.
« Il y a beaucoup plus de finesse, d’exigence dans le jeu du sitar. La
guitare a un jeu très horizontal alors que le sitar va avoir un jeu beaucoup
plus vertical. La mémoire musculaire est plus importante dans la manière de
déplacer ses mains et ses membres. On fait des liaisons. Là où le piano va
faire « do-ré-mi-fa-sol-la-si-do », le sitar va faire
« zaéawapadaniii@#^^^^ » (NDLR : fort jolie mélodie, mais
impossible à retranscrire fidèlement ici, veuillez nous en excuser). Les
notes sont liées, ce ne sont pas des cases, des échelles, des marches. L’idée
est de retrouver la fluidité d’une voie humaine, animale, qui va chanter. On en
revient au gémissement. »
Un exemple du
résultat avec le morceau « See you Fall », à découvrir ici.
Votre deuxième album sort en septembre. Pouvez-vous nous en
dire quelques mots ?
« Par
rapport au premier album, les personnes et les instruments ont un peu
changé : il y a une guitare de moins et une batteuse à la place d’un
batteur. On a aussi amené un clavier. Sur certains morceaux il y a juste une
guitare. Tim est parfois à la basse aussi. On a joué sur d’autres scènes :
stoner, world… et on voit plein de groupes en live qui nous influencent. Tim,
par exemple est à fond, sur King Gizzard & The Lizard Wizard. Depuis
deux ans, on organise également un festival à Bruxelles avec l’Atelier 210 et
le Magasin 4, le Stellar Swamp ( HYPERLINK "http://stellarswamp.be" http://stellarswamp.be),
où on propose deux soirées avec 4-5 groupes. C’est une manière de rester ouvert
sur ce qui se passe aujourd’hui sur la scène psyché et de proposer des choses
originales, comme le groupe anglais The Oscillation et leur side project
Tomaga, un duo basse-batterie à découvrir. »
Le clip du
nouveau single « Insomnia »
Texte: Cat et Vanessa
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