Cinématografille : Un peu de méchanceté gratuite envers The Last Face

The Last Face, dernier film de Sean Penn, est une bouse qui a permis aux critiques de jeter dans leurs papiers rage ou ébahissement. Ce qui n’est pas sans m’amuser. Prêtons une écoute aux douleurs de la presse cinéma, ainsi vous ne pourrez pas dire que vous n’étiez pas prévenus…





« La rumeur dit vrai : The Last Face est une daube de proportion cataclysmique», s’agaçait le quotidien Libération après la projection du film au Festival de Cannes en 2016. Libé titrait ce jour là « Un nouveau drame pour l’Afrique. » Cette première réaction nous libère ainsi de tout doute quant au bienfondé de ce papier. C’est cataclysmique. « Ce mélodrame sur fond d’intervention humanitaire est une succession de clichés désolants » écrit, apparemment fort désolé, Arnaud Schwartz dans La Croix. Et de préciser, encore plus désolé et triste (mais quand-même gentil car il ajoute « presque ») : «Presque rien ne fonctionne dans ce long-métrage ». Ailleurs, la plume se montre plus scandalisée: « The Last Face touche du doigt ce que le cinéma peut produire de plus répugnant et inacceptable. » Dans l’émission Le Masque et la Plume, les critiques ont déniché le potentiel comique de la catastrophe. Eric Neuhoff ironise : "Charlize Theron va perdre son contrat avec Dior si les dirigeants voient le film."

Ce que rend Paris Match est plus diplomate : « Très maladroit, mais pas honteux ». Dans les Fiches du Cinéma, on est sur la réserve bien qu’irrité : « Un mélo navrant sur un sujet d’actualité passionnant. » De sa Voix du Nord, un certain « Phl » n’hésite pas à clamer haut et fort que nous sommes face à « Un monument d’indécence ! » Tandis que tout va pour le pire dans Le Monde qui garde pour autant son style ampoulé : « Ce pourrait n’être qu’une croûte boursouflée de plus, mais c’est bien pire : le cri hystérique d’une superstar en plein ego trip, qui instrumentalise la violence affolante de deux des pires conflits qui ont ravagé l’Afrique ces dernières années, pour en faire un spectacle gore, suintant de sentiments en toc. » Enfin, une fois n’est pas coutume, Les Cahiers du Cinéma connus pour partir en palabres hermétiques vont cette fois droit au but (je les remercie) : «Peut-être le plus mauvais film du monde ». Limpide, efficace.




Vous l’avez compris, The Last Face est un film grotesque, jalonné de moment gênants et ce, dès les premières secondes lorsqu’une voix off compare d’un ton mièvre les turpitudes de la guerre aux vicissitudes de l’amour : « La violence de la guerre n'est comparable qu'à la brutalité des rapports entre un homme [longue pause, on respire] et une femme ! Qui s'aiment d'un amour impossible ». En bref, Sean Penn nous raconte comment un médecin (Javier Barden) et une directrice d’ONG (Charlize Therron) passent de « en couple » à « c’est compliqué », tout ça sur fond de guerre sanglante au Liberia et Soudan du Sud. La belle Charlize nous répète inlassablement (toutes les dix minutes ou presque) que la guerre c’est atroce et que l’Occident s’en fout, que c’est honteux de s’en foutre. Mais, au final, on n’est pas plus avancé sur le sujet, pourtant poignant, des conflits en Afrique.

En bonus, deux moments à épingler : Primo, quand Charlize dit à Javier : « Ce n’est pas parce que tu es allé à l’intérieur de moi que tu me connais ». Deuzio, cette scène où ils se brossent les dents avant de faire l’amour. Bref, « Quand il va sortir en DVD, on va pouvoir se faire des soirées hilarantes», concluait joliment Eric Neuhoff sur France Inter. Tout n’est donc pas perdu pour Sean

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