De fils et de films : "Mercerie Noire" par Ophélie Longuépée


Ophélie Longuépée est une photographe qui a posé ses valises à Bruxelles, depuis quelques années.
Agée de 26 ans, elle explore, au-delà de la photo de mode et de portrait, des techniques différentes.
Passionnée par le vintage, que cela soit dans sa série « Les Oubliés du Jeu de Balle » , à travers laquelle elle redonnait vie à des vielles images de famille abandonnées sur le pavé des puces du Jeu de Balle, ou dans ses tenues, Ophélie devait rencontrer Miscellany.

Derrière la porte de cette enseigne se cache Ornella Briglio, qui a su dépoussiérer l'image que l'on peut se faire des boutiques vintage. Elle propose une sélection pointue, faite de pièces uniques – seconde main oblige ! - délicieusement rétros et pourtant très actuelles. La mode est cyclique et l'idée de porter des vêtements que personne ne possède dans sa garde-robe nous plait assez. Située au coin de la rue Charles Magnette, la boutique propose une large sélection pour les femmes, des pièces pour hommes et des accessoires de créateurs liégeois.

Et la rencontre, me direz-vous ? Le 13 avril, entre les murs de Miscellany, se déroulera le vernissage de l'exposition « Mercerie Noire ». On y retrouvera le travail d'Ophélie, composé d'images argentiques, délicatement ornées de broderies, qui donnent une dimension plus profonde, sensible, tantôt gracieuse et tantôt poétique, à ses photographies. Le mélange des deux techniques, qui demande une certaine dextérité, donne un résultat unique.

Une rencontre en regards croisés, avant de découvrir de vos propres yeux, les images tissées.




Ornella nous confie qu'elle n'a rien prémédité avec Ophélie. C'est la magie du coup de foudre artistique qui l'a poussée à lui proposer de lui ouvrir les portes de sa boutique, même si au départ, elle ne cherchait pas spécialement à exposer des artistes.

Passionnée de photographie car certains photographes la bouleversent, elle retrouve dans le travail d'Ophélie, sa curiosité pour la broderie.
J'aime ce lien de la tradition et de l'héritage que l'on peut transmettre de mère en fille, ou de grand-mère à petite fille. Le mélange de ces deux techniques paraît tellement évident dans le travail d'Ophélie, qu'il m'était impossible de décrocher mon regard de ses créations.


Ni une ni deux, touchée en plein coeur, Ornella contacte Ophélie en vue d'une collaboration. Un lien s'est naturellement brodé entre les deux jeunes femmes, pour donner naissance à l'exposition Mercerie Noire, après une première rencontre chez Miscellany, qui semblait être une évidence.



Ophélie, comment es-tu venue à broder sur tes images? Quelles sont tes techniques?
Par deux choses je pense! Tout d’abord, le manque que je ressentais dans mon travail photographique numérique, que je ne trouvais pas assez complet. Je suis une grande collectionneuse d’objets et vêtements vintage, j’ai toujours eu besoin de toucher, sentir et observer les choses. Je n’ai jamais vraiment aimé passer des heures à retoucher mes images sur Photoshop, le côté trop lisse et trop propre de mes images commençait à me lasser et il faut dire que je ne prenais pas non plus le temps de développer mes photos.
Au final, je n’avais plus l’impression de faire quelque chose de vraiment concret. J’avais besoin d’autre chose. C’est plus ou moins comme ça que j’ai décidé de m’inscrire en cours du soir de labo argentique pour apprendre à développer moi-même mes photos. Cela a été une révélation dans mon travail, qui devenait alors réel, palpable et surtout unique. A cette époque je travaillais sur la valorisation d’images trouvées par terre au Jeu de Balle, et je me suis dit « Pourquoi ne pas ré-interpréter mes images à moi? ». C’est comme ça que ça à commencé! Je ne sais pas vraiment dire si j’ai des techniques particulières, en fait je teste beaucoup de choses, que ce soit en labo ou en broderie, je fonctionne au feeling en fonction de ce qui me passe sous la main!




Est-ce la première fois que tu présentes ta série?
J’ai déjà exposé quelques unes de mes photos brodées lors d’expositions collectives à Bruxelles avec le Kool Kids Klub (collectif Bruxellois qui promeut la jeune scène artistique belge dont je fais partie), et dans la boutique de jeunes créateurs belges « Slow Machine » située rue Blaes à Bruxelles. Par contre, c’est la première fois que je présente cette série dans son entièreté et surtout que j’expose mon travail seule. Ce qui, je ne te cache pas, me met pas mal la pression!




Pourquoi l’avoir baptisée Mercerie Noire?
C’est l’idée d’une amie, et j’ai trouvé que ça collait parfaitement avec ma série car ça a plusieurs sens. A la base, on avait choisi Mercerie pour la broderie et Noire pour la chambre noire dans laquelle je développe mes photos. Finalement, ça me fait surtout penser à la magie noire, presque vaudou, dans le fait de percer et trouer mes modèles ou mes images afin de leur donner un autre sens. Ensuite, j’aime beaucoup tout ce qui est mystique. Mon univers est très féminin et j’aime à penser que grâce à mes broderies, mes modèles peuvent autant se transformer en déesses qu’en prêtresses.



Pensez-vous que vos univers étaient faits pour vous rencontrer?
Absolument! Comme je disais plus haut, je suis atteinte de la collectionnite! Je collectionne surtout les vieux objets, et les vieux vêtements, j’aime le fait qu’un objet ait eu plusieurs vies avant de se retrouver dans mes mains. Je ne me retrouve pas du tout dans cette société où chaque chose à une durée de vie limitée et où la quantité prend le pas sur la qualité. Aussi, j’ai toujours aimé les beaux vêtements. Je peux facilement tomber amoureuse d’une finition sur une chemise, d’un tissu bien travaillé ou d’une veste bien coupée (au grand damn de mon dressing qui explose d’ailleurs), c’est pour ça que ça a aussi bien matché avec Ornella. Quand je suis rentrée dans sa boutique la première fois, je me suis sentie
comme dans un petit cocoon. Toutes ses pièces sont choisies avec beaucoup de goût et d’attention, c’est ce qui m’a touché.


Jusque quand l’expo sera-t-elle visible? Pourra-t-on craquer sur un tirage?
L’exposition sera visible jusqu’au 31 mai 2017, et tous les tirages uniques seront en vente.


Mercercie Noire – A découvrir chez Miscellany
Horaires : De 11h à 17h du lundi au jeudi. De 11h à 18h vendredi et le samedi. Fermé le mercredi.
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• Images : Ophélie Longuépée : Facebook & Tumblr



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