Compte-rendu bouillant d'une boulette à la Boiler Room



Depuis mon article précédent sur Bagarre, j'ai entretemps obtenu ma carte de presse, le prix Pulitzer et, aux frais du contribuable, je vous livre désormais les moindres détails des soirées que vous avez ratées pour mater la saison 3 de Love sur Netflix et sauver les apparences concernant votre vie morne et fade. De rien.

D'emblée, j'aime sentir qu'une soirée partage mes valeurs : la confusion, un certain goût pour l'aventure et du gros son.
Apprendre donc par sms - à l'ancienne - une heure après le début de la Boiler qu'elle se déroulait à l'autre bout de la ville, finissait probablement après le dernier bus et ce par un temps de clip de t.A.T.u me plaçait directement dans ma zone de confort : l'adrénaline de l'imprévu et le manque d'organisation.



C'est probablement de la même manière que je donnerai les infos de mon mariage.

En ma récente qualité de reporter tout terrain, je suis donc honorée de vous faire profiter du privilège de mes expériences journalistiques au coeur de l'action et de vous dévoiler en exclusivité à quoi ressemble le set d'une Boiler Room :


Il n'y a vraiment que dans ce type d'évènement qu'est possible une si bouleversante proximité avec un DJ. Une vraie communion.

Au-delà de l'expérience humaine avec l'artiste, n'oublions pas celle de la foule, qui n'a rien à lui envier. J'ai retrouvé avec émoi et nostalgie la confédération aujourd'hui esseulée des fluo-kids, maintenant fluo-trentenaires-freelance-qui-attendent-pour-bientôt-la-petite-Léa-mais-qui-font-encore-de-temps-en-temps-du-graff-à-la-Chartreuse-avant-la-tombée-de-la-nuit-et-en-week-end. Mon dos a quant à lui fait la connaissance d'environ 30 sueurs de front différentes et 5 verres de vodka. Je me surprends à me dire sur les basses "qu'au fond, nous sommes tous des enfants perdus qui recherchons désespérément à retrouver les battements cardiaques de la mère in utéro" et je décide qu'il est grand temps de se choper des verres gratos au bar VIP.




Avec Maria c'est le temps du chill. On se trouve un canap depuis lequel on sirote amoureusement notre découverte de la Vodka noire-cramberry en faisant rager les rageux comme des millenials influenceuses sur Insta. Enfin elle, moi j'essaie de la dessiner dans l'obscurité totale et de faire un minimum mon taf. Détente.




Au bout d'une demi-heure de snobisme arrosé de stories de nos élixirs (#doItForTheGram), le retour à la réalité est brutal : Non, ce n'était pas le live d'à coté que l'écran du lounge nous diffusait à l'abri de la foule, mais un vieux replay de Dave Clarke. On vient de se saboter la moitié du set en perdant nos miettes de dignité au passage. Mais tant mieux "ça fera un truc marrant à raconter pour l'article".




La foule s'est dissipée peu à peu et, entre nos potes qui étaient là depuis le début mais qu'on croise évidemment 5 minutes avant la fin, je discerne un couple adorable composé d'un très grand garçon qui évente sa toute petite fiancée. Je fonds.
Même bousculée et intoxiquée de cigarettes miskin, la fête, c'est toujours mieux avec les gens. (cette phrase sonne tellement condescendante quand je me relis que j'hésite à écrire carrément "la plèbe").

A minuit pile : on remballe. Un exode lent et satisfait nous emmène vers la sortie, la pluie, la rue, puis l'arrêt de bus. Entre deux acouphènes, Maria m'annonce comme une prophète que le dernier bus sera là pour satisfaire notre gout de l'aventure noctambule mais aussi notre besoin de confort. Le trajet du retour est stimulé de conversations autour de la musique et notre envie de pisser. Conclusion parfaite d'une soirée réussie.


Fun fact : En me démaquillant comme une adulte responsable, je constate que la vodka noire, en plus de mon enthousiasme, a laissé chez moi des marques indubitables. Ma langue est violette, et ce, depuis probablement le début de la soirée. Je me marre devant mon lavabo et remercie la Boiler Room, le temps d'un soir, d'avoir réveillé en moi la fluo kid que j'étais et le selfie miroir/langue tirée.

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