Café Liégeois #3: Charlotte Martial / Doctorante à l'Ulg & créatrice de bijoux.



L'histoire de Charlotte Martial se raconte comme un joli conte de fées: il était une fois une jeune Liégeoise avec la tête pleine d'idées et les doigts bourrés de talents qui avait décidé avec succès de mener de front ses passions. Le résultat? Docteur Charlotte & Miss Mirzale, ou les aventures d'une doctorante en sciences bio-médicales le jour et créatrice de boucles d'oreilles la nuit. 
Depuis quelques temps, ses créations -rassemblées sous le label "Mirzale"- commencent à faire parler d'elles et on avait fort envie de rencontrer cette Liégeoise atypique, mi scientifique mi artiste. 
Par une froide après-midi de janvier, elle nous a reçues dans le cocon ultra cosy qu'elle s'est aménagé à Cointe pour papoter au coin du feu et on en est ressorties conquises*...et prêtes à parier que vous aussi, après avoir lu son portrait, vous mourrez d'envie de la rencontrer!


Pour Charlotte, tout a commencé en 2008, année où elle s'est non seulement lancée dans ses études de psychologie mais aussi dans l'aventure Mirzale.
Si étudier la pyscho était pour elle une évidence, entamer un doctorat par contre est, comme bien des histoires Liégeoises, le résultat d'une belle rencontre et du hasard.
C'est lors de ses études que Charlotte a découvert le Coma Science Group du Professeur Laureys, un organisme du CHU dédié à l'étude du coma mais aussi des états de conscience altérée et des expériences de mort imminente. Décrites comme un ensemble de visions et de sensations consécutives à une mort clinique ou un coma avancé, les expériences de mort imminente sont au coeur de la thèse de Charlotte -thèse qu'elle écrit en parallèle de son travail de neuro-psychologue au CHU où elle se consacre à l'étude des patients dans le coma.
Actuellement dans sa première année de doctorat, Charlotte a choisi de rencontrer des "experiencers", ces personnes revenues d'une expérience de mort imminente- un sujet tout aussi original que passionnant et qu'elle a choisi au hasard de rencontres: "c'est après avoir rencontré les chercheurs du Coma Science Group que j'ai découvert les expériences de mort imminente. C'est un sujet d'étude relativement nouveau, une doctorante en dernière année a récolté environ 300 témoignages en Belgique et c'est moi qui vais continuer le projet quand elle aura rendu sa thèse". Si elle n'en est pour le moment qu'au tout début de son doctorat, Charlotte envisage pourtant déjà "l'après" - et de manière plutôt sereine: "j'adore cette expérience, c'est ultra intéressant, donc si j'arrive à continuer ce projet après mon doctorat, je n'hésiterai pas...Mais je ne sais pas si ce sera possible: ça n'a déjà pas été facile d'obtenir une bourse donc je ne sais pas dire avec certitude où je serai dans 4 ans. Si ma thèse ne débouche pas sur un projet concret, j'aimerais vraiment développer mon côté artistique, les boucles d'oreilles bien sûr, mais aussi pourquoi pas la rénovation de meubles..."

Un coup d'oeil à la déco de son salon suffit à se rendre compte que Charlotte, malgré sa formation scientifique, a un côté artistique très développé: sur les meubles chinés avec goût sont posées les lampes qu'elle crée avec une amie quand elle n'est pas occupée à rendre une deuxième vie aux bijoux qu'on lui apporte. Justement: comment fait on le saut entre un doctorat en sciences biomédicales et la création de bijoux? Pour Charlotte, tout a commencé un peu par hasard en session: "c'était pendant ma première bloque à l'unif, je suis allée à un marché de Noël alternatif au Hangar avec ma maman et une fille de St Luc créait des bijoux à partir de motifs qu'elle dessinait elle-même. Ca m'avait tapé dans l'oeil, et ma maman qui est institutrice maternelle m'avait dit que le concept était facile à réaliser et qu'elle en avait d'ailleurs déjà fait dans sa classe. Du coup, j'ai commencé à faire ça pendant la bloque mais au lieu de dessiner moi même -c'est pas trop mon truc- je découpais des images qui me plaisaient dans les magazines que je lisais". Très vite, ce qui n'était au début qu'une manière de se vider la tête pendant la bloque est devenu une véritable passion, les créations de papier faisant place aux bijoux de récup: "mes copines aimaient bien mes créations et du coup elles ont commencé à me donner leurs bijoux cassés pour que j'en fasse quelque chose"...donnant ainsi naissance à Mirzale. Ce joli nom qui roule en bouche a une signification encore plus belle: en vieux français, une mirzale est mot-à-mot "ce qui mir-oite z'à l'oreille" - un nom poétique qui correspond bien aux créations de Charlotte!



Avec de la patience et des doigts de fée, elle transforme des bijoux cassés ou délaissés en boucles d'oreilles colorées et originales. En cassant un bout de chaîne ici ou ajoutant des perles là, elle donne une seconde vie à nos fonds de tiroir, une philosophie anti-gaspi qui a plu aux organisateurs des Repair Cafés où elle prête désormais ses talents un dimanche par mois. Quand elle n'est pas au CHU ou en train de s'investir dans la vie associative de Liège, c'est dans sa salle à manger que Charlotte aime créer ses boucles d'oreilles. Armée de sa boîte remplie de tissu et de perles, elle profite de ses élans d'inspiration pour faire du neuf avec du vieux et embellir nos oreilles. A raison d'une vingtaine de minutes par paire de boucles d'oreilles, elle s'est constitué un fameux stock au fil des années et commence aujourd'hui à faire connaître ses créations grâce à l'action combinée de Facebook et du bouche à oreilles...sans prendre la grosse tête pour autant: "cela n'est jamais arrivé en 6 ans, mais mes créations sont délicates et j'ai peur qu'elles se cassent, du coup je n'ose pas encore me lancer dans la vente en magasin...et je dis à toutes celles qui craquent pour une paire qu'elles sont garanties
à vie!"


Quand elle parle de ses créations, Charlotte s'enflamme et il est difficile de ne pas être séduite par l'univers de Mirzale et ses boucles d'oreilles poétiques. Au moment de les photographier, surprise: Migoo, un des deux chats de la maison, a décidé de faire sa sieste à côté des bijoux, gardant un oeil endormi sur notre séance photo et contribuant à rendre plus idyllique encore le spectacle de la pièce chauffée au feu de bois et enjolivée de vieilles cartes du monde et de 33 tours.
Au moment de la quitter, on aimerait trouver encore des questions à poser pour prolonger cette plongée dans son univers mais le soleil se couche et le devoir nous appelle. En sortant de chez Charlotte, le ciel de Cointe était d'un magnifique dégradé de pastels assorti à nos joues rosies par le froid et dans nos oreilles résonnait encore son enthousiaste "J'adore Liège!"...Nous aussi Charlotte, nous aussi- et plus encore quand on rencontre des Liégeois motivés et motivants qui nous insufflent un élan d'amour et de fierté pour notre Cité Ardente!



Les bons plans de Charlotte
Les Grignoux pour leur excellente programmation
Les Sunday Rootsday du collectif albalianza: "tous les dimanches de juillet et août ils envahissent un espace Liégeois, il y a de la musique, des cocktails à 1 euro, des jongleurs,...c'est terrible!"
Le Cupper Café "pour sortir, j'adore, l'ambiance est toujours super sympa et les expos temporaires sont super chouettes" 
La Caserne Fonck "pour le théâtre et la danse"
&
L'An Vert pour ses événements originaux

L'actualité de Mirzale 

Charlotte sera présente ce dimanche 25 janvier de 14 à 18h au Repair Café qui aura lieu cette fois à La Bicoque ( °8 Place St Christophe) : l'occasion de découvrir ses créations et pourquoi pas, d'en profiter pour faire réparer bijoux, vêtements ou électroménager.


* Tellement conquises, à vrai dire, qu'on a le plaisir de lui décerner le titre de Boulette Honoraire: on se réjouit déjà de partager ses bons plans et son carnet d'adresses avec vous!

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