Comme bien des histoires à Liège, celle du collectif Jaune Orange a commencé avec une bande de potes, une bonne dose de débrouille et un sacré enthousiasme.
Créé en 2000 à l'initiative de groupes liégeois ( Tom Sweetlove, Zythum, Discochoc ... ), Jaune Orange s'est transformé au fil des années et des mouvements au sein du collectif pour devenir tout à la fois un label, une agence de bookings et d'organisation de concerts. Intriguées par cet OVNI culturel, on s'est rendues en Outremeuse à la rencontre de Jean-François Jaspers, un membre de la première heure aujourd'hui à la tête du collectif Jaune Orange - Portrait d'un amoureux de musique au parcours atypique.
Lorsque l'aventure Jaune Orange a commencé il y a (bientôt) 15 ans, rien ne prédestinait Jean-François Jaspers a se retrouver à la tête de la machine bien huilée qu'est aujourd'hui ce label protéiforme. Diplômé en sociologie, "des études qui ne mènent à rien et donc à tout", c'est d'abord par amitié -et par amour de la musique- qu'il a rejoint le collectif. Par la force des choses, JF s'est vite retrouvé en charge des projets jaunes oranges: étant le seul non musicien de la bande, son rôle était tout trouvé. Au fil des années, Jaune Orange a connu pas mal d'évolutions (introduction d'une maison de disques et d'une agence de bookings en 2006, lancement d'un microfestival en 2010,...) et si certains groupes ont quitté le collectif et fait place à du sang neuf, cela fait maintenant 14 ans qu'il contribue à la dynamisation de la scène musicale liégeoise...Ou plutôt des scènes musicales. En effet, outre le côté indie qui les rassemble forcément, les artistes liégeois sont à l'image des habitants de la Cité Ardente: un mélange coloré de styles bien tranchés qui contribue à un melting pot musical dynamique: "même si Liège est un petit machin, culturellement, c'est une des villes wallonnes qui bouge le plus. C'est une ville à fort potentiel avec un public curieux et beaucoup de talents".
S'il y a quelques années encore Liège était un peu endormie niveau culturel, les choses ont bien changé depuis le lancement de Jaune Orange. A l'époque, les artistes à l'origine du projet avaient voulu profiter des débuts de l'Internet pour promouvoir les groupes liégeois, partant du principe que l'union fait la force. Cette approche solidaire est toujours bien présente aujourd'hui et contribue au succès des initiatives culturelles liégeoises. Selon JF, "ce qui fait notre force, c'est qu'on ne se tire pas dans les pattes", et la collaboration fructueuse entre Jaune Orange et le collectif Honest House lui donne raison.
Au delà de l'esprit de solidarité qui caractérise bien des projets en région liégeoise, le grain de folie du collectif Jaune Orange est aussi typique des valeureux liégeois. S'il fallait être un peu fou pour lancer une maison de disques à l'époque où tous les labels étaient pressés comme des citrons et où l'industrie du disque était en pleine crise et que Jean-François reconnait que "rationnellement, c'était peut-être pas très malin", pour lui, c'était un prolongement logique: "on aime les disques, on est amoureux de l'objet, et on s'est dit que les amateurs de musique voudraient toujours investir dans du concret plutôt que dans du MP3".
Bien que Jaune Orange ait diversifié ces activités et ne dépende pas du succès de ses ventes de CD pour sa survie financière, le pari de se lancer dans l'industrie du disque a plutôt réussi au collectif: entre Pale Grey mentionné dans les Inrockuptibles et Leaf House dans NME, ses artistes ont le vent en poupe et commencent à faire parler d'eux bien au delà de la Principauté et même du Plat Pays!
S'il y a de quoi être fier, JF garde pourtant les pieds bien sur terre et ne fait pas de plans sur la comète. "L'objectif c'est d'aller le plus loin possible dans la défense de projets qui nous ressemblent, mais on ne contrôle pas le succès, c'est une question de hasard". Alors que le label est en plein essor, son responsable ne se projette pas trop dans le futur et après 15 ans d'investissement, se verrait bien passer le relais...sans pour autant quitter la ville qui a vu naître Jaune Orange.
Pour Jean-François, "Liège est une ville attachante, selon moi. Liège a des travers mais on s'y sent bien, il y a un chouette dynamisme. L'attachement fait qu'au lieu de voir un exode des talents comme à Charleroi, les liégeois ont envie de faire changer leur ville depuis l'intérieur". Selon lui, "on naît Liégeois et on meurt Liégeois", et on ne peut que lui donner raison sur ce point!
Alors que Jaune Orange s'apprête à fêter ses 15 ans en février, la ville va lui offrir un beau cadeau avec l'ouverture en mars d'une nouvelle salle de concert, le Reflektor. Si des endroits comme la Zone, l'Escalier et le Mad Café servaient déjà de repères aux artistes et mélomanes liégeois, l'ouverture d'une salle de concerts de grande envergure va sans aucun doute donner un nouvel élan à la scène culturelle ardente. Proche de l'équipe derrière le Reflektor, JF les félicite d'avoir "su montrer que Liège est un arrêt qui a du sens dans une tournée d'artistes reconnus internationalement" et à quelques jours du concert de Wampire -le groupe US indé qui monte en ce moment et qui effectuera son seul arrêt en Belgique au Mad Café-, le collectif Jaune Orange mérite largement qu'on lui retourne le compliment!
Parti du projet un peu utopique d'une bande de potes, Jaune Orange a su s'adapter à l'évolution de l'industrie musicale et se faire un nom bien au delà des rives de la Meuse - une succes story bien de chez nous dont il y a de quoi être fiers: pas de doute, Liège's got talent!
Pour boire un verre: le Cupper Café, Lou's Bar et l'incontournable Pot au Lait
Pour sortir: la Zone, le Mad Café
Pour manger un bout: Les Caves du Portugal
Pour se cultiver: les libraires La Carotte et Livre aux Trésors
L'actualité de Jaune Orange
A côté de sa page facebook, le collectif a aussi un site internet hyper complet où vous trouverez un agenda détaillé et des infos sur les groupes - le site fait aussi office de webshop et propose les albums des membres du collectif.
Ce dimanche, Jaune Orange organise le concert de Wampire et Girls Say No au Mad Café, rendez-vous là-bas?
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