Rencontre avec l'équipe de La Famille Heureuse

En 2015, on a pas mal de chance: on a Tina Fey, Amy Poehler & Beyoncé et si les femmes ne sont pas encore tout a fait au pouvoir, il y a tout de même de plus en plus de raisons d'être optimistes.
Malgré tout, ça reste tout de même plutôt compliqué d'être une fille, surtout entre 13 et 20 ans, ces années charnières où on se pose plein de questions et où on ne sait pas toujours où trouver les réponses. 


D'expérience personnelle, les livres de Judy Blume apportent pas mal de réponses aux questions existentielles mais malgré toute leur bonne volonté, ils ne peuvent ni vous prescrire la pilule, ni vous examiner... ce qui est vraiment ballot, parce que ce n'est pas toujours forcément à son médecin de famille chez qui on va depuis toujours avec papa-maman qu'on a envie d'en parler.

Heureusement, pour ce genre de situation, il existe des centres de planning familial.

Et après avoir fait plus ample connaissance avec l'équipe de La Famille Heureuse, on se dit que c'est vraiment pas malin qu'on n'ait jamais osé y aller - Du coup on a décidé de vous les présenter afin que vous ne fassiez pas la même erreur que nous!
    
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Dans la croyance populaire, le chiffre 13 porte malheur, mais à La Famille Heureuse, il correspond au nombre des membres de l'équipe et semble plutôt être de bonne augure: ici, pas de médecin barbu et intimidant mais bien une joyeuse bande de filles prêtes à répondre à toutes vos questions.
D'Anne-France et Laetitia, les psychologues, à Perrette et Virginie, toutes deux médecins, en passant par Anne et Magali les assistantes sociales, il y a une overdose de progestérone* qui a tendance à mettre les filles plutôt en confiance. Un sentiment renforcé quand Anne-France nous en dit plus sur l'équipe:     " On représente à peu près toute la palette de générations disponible sur le monde du travail.  Nous nous répartissons entre 25 et 60 ans. Nous sommes un waterzooi de personnalités, de cultures, de fonctionnements.

Forcément, la motivation à travailler à La Famille Heureuse est différente donc en fonction des époques d’engagement.Lorsque certaines sont arrivées il y a plus de vingt ans, les luttes étaient bien différentes d’aujourd’hui.  Il s’agissait de mettre en place l’éducation sexuelle et affective dans les écoles, l’IVG n’était pas légale, les moyens de contraception bien moins vastes qu’aujourd’hui, ….  L’engagement en planning était un acte clairement militant envers la libération de la femme.
Au fil des décennies, le militantisme s’est ouvert encore davantage à la notion de genre, à l’évolution sociale des familles (monoparentalité, parents homosexuels, familles multiculturelles, … ), au progrès de la médecine dans la conception (PMA – GPA)...
Il reste un fil conducteur commun quel que soit notre âge : la sexualité, la considération de l’humain, l’information aux personnes, l’acceptation de toutes et tous, le niveau affectif et relationnel.
En plus, nous sommes tous fiers de travailler pour le premier planning né en région Wallonne: nous avons fêté nos 50 ans en 2014!"


Forcément, avec 50 bougies au compteur, il s'en est passé des choses à La Famille Heureuse, et il est très difficile de ne pas rire quand l'équipe nous raconte quelques anecdotes:
"Faire une animation le matin, présenter les moyens de contraception dont le stérilet … et découvrir à 19h30 que le stérilet est coincé dans les cheveux de l’animatrice…  

En animation un petit garçon de 9 ans explique qu’il a déjà fait l’amour et que son papa était présent.  L’animatrice panique et pense à un inceste. … puis le petit garçon explique que son pénis s’est levé en regardant un film à côté de son papa avec des filles sur une plage.  … Voilà, c’est ça faire l’amour pour lui.

Le week-end suivant une animation avec un groupe d’ados, une animatrice se retrouvant dans le Carré, voit un jeune homme se diriger vers elle pour lui dire secrètement : « Ca y est madame hein, je l’ai fait ».

Une animatrice sort sur le pas de la porte du planning.  Elle remarque un couple affairé dans une voiture.  …. Poum poum poum, elle rentre discrètement dans le planning.

Une heure se passe et la jeune femme se présente à l’accueil en demandant, les cheveux ébouriffés : « Pourrais-je avoir la pilule du lendemain ? » (bon sinon, il y a le préservatif hein...) "


Ce qui est moins rigolo, par contre, c'est que malgré le temps qui passe, les clichés et les malentendus sont tenaces. Par exemple: le planning familial c'est gratuit / uniquement pour les gens défavorisés / uniquement pour les familles / un distributeur de contraception - préservatifs / un endroit où on ne s'occupe que du sexe. Faux, faux, et archi-faux!
Comme l'explique Anne-France, "Les centres de planning familial effectuent des animations …. mais pas seulement sur la sexualité telle qu’on l’entend.  On parle d’EVRAS : éducation à la vie relationnelle, affective et sexuelle. Le planning familial répond à des missions énoncées dans un décret et chaque planning doit avoir en son sein, médecins, juristes, psychologues, assistants sociaux.  C’est donc bien une équipe qui peut prendre en charge la personne. Le décret régissant notre activité cite : « Les centres de planning familial sont des services ambulatoires qui ont pour finalité de contribuer à l’optimisation de la santé et à l’épanouissement social en abordant les aspects de la vie affective, relationnelle et sexuelle dans une approche pluridisciplinaire, positive et respectueuse …  ». Certains centres planning réalisent des IVG et d’autres non.  Il s’agit d’un choix.  Quel que soit le choix fait par le centre de planning, tous ont pour mission d’apporter une aide face à une grossesse non désirée, que ce soit une réorientation, un accompagnement le cas échéant. Notre public est très vaste.  Il est possible d’avoir, côte à côte, dans notre salle d’attente un architecte en attente d’une consultation psy et une femme en demande d’asile avec sa petite fille afin d’obtenir un avis médical attestant que sa fille n’a pas subi d’excision.  
Les personnes poussent la porte de notre centre car nous sommes effectivement accessibles financièrement, ou par philosophie, ou encore pour la réputation de nos permanents."



Bon, et une journée typique, comment ça se passe alors? 
La journée type n’existe pas réellement.Imaginons un mercredi pris au hasard...

9h, Tifany se rend dans une école primaire pour y réaliser une animation.  Christelle poursuivra un projet avec elle dans la même école. 
Pendant ce temps, Geneviève assure la consultation médicale avec Virginie.  Magali réalise les entretiens sociaux avec les consultants du médical pour les aider à dépouiller leurs questions concernant la sexualité.  Perrette et Anne-France sont en entretien psy.  Anne n’était pas chez nous ce jour là et poursuit son activité dans un autre centre de planning à Bruxelles.  Véronique et Laetitia sont dans une école secondaire pour la mise en place d’un projet d’animation sur le respect de l’autre et le harcèlement virtuel basé sur la sexualité.  Anaïs contacte les acteurs de terrain pour la mise en place du stand Sex&Co du festival des Ardentes.  Midi …. Zou … la consultation médicale se termine!

Il s’agit de s’assurer que les prélèvements urgents soient traités par le laboratoire en priorité afin de transmettre au plus vite les résultats aux patients.  …. Ah tiens, la dernière patiente ne reprendra pas rendez-vous pour le suivi gynéco, elle va directement à l’hôpital pour accoucher.

Une petite pause, on va chercher des frites et des boulettes à la liégeoise …. avec le téléphone en main pour continuer à assurer la permanence téléphonique (chacune de nous prend le relais de manière informelle).
Midi, c’est aussi le moment ou des jeunes ou moins jeunes poussent la porte du planning pour un dépannage de pilule contraceptive, une pilule du lendemain, un test de grossesse, une information sur des IST, l’obtention de préservatifs ou pour demander à être reçu par une assistante sociale, ou prendre un rendez-vous psy.
Le rythme se poursuit jusqu’à 19h, avec la particularité de la communication des résultats des tests de grossesse en fin de journée.
Ce n’est évidemment pas exhaustif, un jour n’est pas l’autre.  Néanmoins, c’est mouvementé et très varié tout en faisant appel à des connaissances pointues sur la sexualité."
Et pour illustrer ce quotidien parfois un peu chaotique, l'équipe de La Famille Heureuse a créé une petite vidéo qui fera sourire tous les nostalgiques de Kyan Khojandi. On vous avait dit qu'elles étaient super sympas! 



Pour les rencontrer et en juger par vous-même, une adresse: 3, rue Hemricourt.
( La Famille Heureuse est ouverte le lundi-mardi-jeudi de 9 à 18h, le mercredi jusque 19h et le jeudi jusque 17h )

















* A l'exception du bureau de Michaël, le juriste de La Famille Heureuse

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