Vous le savez, chez les Boulettes, on adore la musique. Alors quand Blue Velvet présente son nouvel album sur la scène du Reflektor, on débarque en escadron de velours bleu et on savoure. Si le nom de ce groupe liégeois sonne comme un film culte, ce n’est pas un artifice dû à la beauté des sonorités. Et rencontrer les deux membres fondateurs, Mirco Gasparini et Phil Henrion, dans les loges à quelques minutes du concert de sortie de Blood + Rain, a un petit goût lynchéen-sur-Meuse qui n’est pas pour nous déplaire…
Après avoir fêté ses dix ans d’existence en 2015, la formation liégeoise sort enfin un deuxième album très attendu. Au duo d’origine se sont joints Dominique Huynen à la basse, Sacha Piccoli à la batterie et Jy Eph Ruttens aux claviers, pour réussir un grand retour qui ne passe pas inaperçu. Même si Phil le dit d’emblée : « Avec un deuxième album, tu es attendu au tournant. Un premier album, c’est assez facile à faire. Il y a des erreurs de jeunesse, mais qu’on te pardonne. »
De Blood + Rain, on avait déjà pu découvrir l’enthousiasmant clip de Jail, réalisé avec le collectif Sauvage Sauvage :
Restait au groupe à lever le voile sur son mystère de sang et de pluie, et à affronter le stress de cette première livraison à domicile devant leur public… « Il y a une double pression », avoue Mirco. « Celle sur l’écoute de l’album et celle de la scène. Le live, c’est une autre expérience. Nous avons toujours voulu proposer autre chose sur scène que sur cd. Il y a des choses qu’on ne sait pas faire en studio qu’on fait en live. »
Selon Phil, « L’énergie est différente. Même si on a mis un point d’honneur à respecter certains sons qu’on trouve sur l’album, ce qui n’était pas le cas pour l’album précédent qui était surproduit. On a donc dû prendre des chemins de traverse pour que tout soit jouable sur scène. On n’est plus du tout coincés avec des machines. »
Né au terme d’un processus de création qui aura duré trois ans, Blood + Rain se compose de dix morceaux aux titres simples mais évocateurs (Time, Jail, Sac of Bones, When the Moon…). Autant de fulgurances rock qui vont à l’essentiel, balançant constamment entre la puissance et la fragilité de la nature humaine, sauvages à l’image des paysages bretons qui les ont inspirées.
Un opus authentique, qui touche en pleines tripes, né d’une autre manière de travailler pour les deux complices du début, comme l’explique Mirco : « Pour le premier album, Phil et moi avions la mainmise sur le projet. Pour Blood + Rain, on est allé vers un registre un peu plus rock’n’roll et on a décidé de s’entourer non pas de producteurs, mais de musiciens, et de leur laisser une porte ouverte vers la créativité. Cette fois-ci, Phil a écrit énormément de textes à partir d’orientations, de sensations que je lui ai données. Dans ce processus de création, nous avons proposé des pré-prods aux musiciens qui se sont approprié les morceaux tout en répétant chacun de leur côté. »
S’il a fallu attendre six années avant de pouvoir tenir ce deuxième album entre les mains – magnifiquement illustré par des photos repeintes de Heather Reynolds, une artiste de Denver (Colorado) –, c’est parce que les deux comparses se sont donné la peine de développer d’autres projets à côté afin de prendre un peu de recul… pour mieux se retrouver. Et Phil de préciser les circonstances particulières de l’émergence de ces nouvelles chansons : « Il y a trois ans, nous nous sommes retirés Mirco et moi en Bretagne durant sept jours. Ce n’était pas innocent. A l’époque, on était dans la période critique des sept ans, au bout de laquelle de nombreux groupes se séparent, comme de nombreux couples... On voulait un endroit isolé, loin de nos proches, sans aucune connexion. On a passé le nouvel an ensemble dans un village désert, sans voisins, à 300 mètres de la plage. Ce décor a été une grande source d’inspiration pour nous. »
La dernière chanson de l’album, Seaside, est d’ailleurs basée sur une anecdote de ce séjour breton : le matin du premier janvier, alors que Mirco se lève et ouvre les volets pour fumer une clope, il aperçoit une fille et un garçon de 16-17 ans complètement nus dans la véranda d’en face. Ils avaient forcé la fenêtre pour passer le 31 décembre dans une maison vide qu’ils pensaient isolée, protégée de tout regard extérieur…
Si dans leur précédent album, Mirco et Phil avaient inventé des histoires, ils se sont cette fois principalement inspirés de leurs propres vies. On comprend que, comme son titre l’indique, le deuxième album de Blue Velvet mélange morceau après morceau les énergies antagonistes mais complémentaires, donnant naissance à une œuvre plus organique, au pouls ombrageux. « Le sang, c’est nos racines, explique Mirco, c’est la Belgique, Liège. La pluie, c’est pareil. Les deux sont vitaux. On parle beaucoup de sorties, de retours, de renaissances dans cet album. Dans le contexte actuel, certaines de nos chansons peuvent paraître violentes, alors qu’elles ont été écrites bien avant les récents événements. Aujourd’hui on se demande comment elles peuvent être reçues. Nous parlons de tuer, de mort, de sang dans nos textes, justement pour dénoncer la violence par cette forme d’« agressivité » qu’est la musique. »
« Ici, on aborde des sujets plus graves », conclut Phil. « Mais globalement, même si ça commence mal, ça finit bien, il y a une lueur d’espoir. Par exemple, dans Jail, le gars déconne mais finalement il passe le relais à son enfant et la vie continue. »
Pas de doute, c’est bien du rock qui coule dans leurs veines…
Une puissance à l’élégance brute à retrouver sur scène le le 17 juin à Huy et le 18 juin à Liège, pour la Fête de la Musique. (agenda détaillé à suivre sur le site : http://www.blue-velvet.be)
En attendant, si vous souhaitez partager le secret de l’énergie de Mirco et de Phil, passez boire un délicieux café (ou un thé ou un chocolat chaud) chez Grand Maison et à La Caféière, vous aurez souvent l’occasion de les y croiser en train de recharger leurs batteries…
On continue de vous gâter & on vous fait gagner 5 albums de Blood+Rain.
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Quelques photos du concert, par Philouroux :
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