Politiquement parlant, c’est peu
dire que l’année écoulée n’a pas été un grand cru. Climat en berne, casseurs en
fluo et manifestations d’extrême-droite dominicales, chez les « p’tits
Belges » aussi la montée des populismes est un fait. Décembre en est une
douloureuse piqure de rappel. Dans la rue, sur les réseaux sociaux ou en famille,
elle est arrivée près de chez nous. Pourtant, elle n’est pas inexorable.
2008-2018. Dix ans après la crise des subprimes qui secouait la planète
financière, le monde a bien changé. Ou plutôt, il s’est méchamment exacerbé. Un
phénomène amplifié par des réseaux sociaux qui chaque jour libèrent un peu plus
la parole, pour le meilleur comme pour le pire. Commentaires racistes en tête,
nous sommes tous confrontés à des propos qui attisent la haine de l’autre,
parfois même sans nous en rendre compte.
Dans la majorité des cas, nous nous rassurons en nous disant qu’ils
émanent de ces internautes sans visages que nous ignorons par paresse et que
nous moquons en silence. Mais parfois aussi, il nous viennent de
personnes plus proches. L’ami d’un ami qui partage une blague vaseuse sur
Facebook, ou une connaissance qui reprend sans le savoir des clichés aussi
éculés que bêtes et méchants.
Mais que faire face à ce qu’on espère n’être que de la bêtise
maladroite faute de se résoudre à admettre qu’il puisse s’agir d'une cruauté que l'on pensait périmée ?
La question n’est pas simple, car au café du commerce, tout se mélange. Une
exception chasse une règle, une vidéo Youtube vaut un rapport de l’ONU et
l’émotion prend le pas sur la raison. Au final, l’orateur l’emporte presque
toujours sur le discours. Si un homme vaut une voix, toute divergence d’opinion
n’est-elle pas vouée à se solder par un match nul ? Chacun a le droit de
penser ce qu’il pense. Dire le contraire serait se montrer intolérant. CQFD.
Sauf que du remède au poison, tout est une question de proportion et là, la coupe d'Hygie est dangereusement pleine. Sur des valeurs aussi fondamentales que le
respect de l’autre, nous ne pouvons tolérer qu’une seule forme d’égalité. Celle des hommes prime sur celle des polémistes. Et la meilleure façon de
l’emporter, c’est encore et toujours de dire la vérité. Rien que la vérité,
toute la vérité.
A l’ULiège, les chercheurs Jean-Michel Lafleur et Abdeslam Marfouk l’ont bien
compris. C’est pourquoi ils ont publié « Pourquoil’immigration ? Un livre pour dépasser les clichés », abordable par tous et disponible gratuitement
en français et en néerlandais. En s’appuyant sur des sondages rigoureux, les
deux chercheurs reviennent sur 21 stéréotypes véhiculés au sein de la population,
qu’ils commentent sur base de faits empiriquement mesurés.
Les étrangers prennent le travail des Belges ? C’est ce que pensent quatre Belges sur dix, mais qu’en est-il en réalité ? Oui, quand ils en ont l’opportunité, les immigrés occupent des emplois en Belgique et le grand nombre de travailleurs indépendants chez ces derniers atteste de leur bonne volonté. Pourtant, l’immigration n’a généralement pas d’effet sur le chômage, car les immigrés ne rentrent pas véritablement en compétition avec les natifs belges. Tout d’abord, parce qu’ils occupent le plus souvent des emplois délaissés par les nationaux et ensuite parce que la croissance économique doit davantage se penser en termes de scénarios win-win (ou lose-lose) que comme une tarte à partager.
Les immigrés, une menace pour la sécurité du pays ? Et qui coûte à l'Etat en plus ? Autant de clichés que déconstruisent les deux chercheurs au fil des pages de leur ouvrage.
Le livre a aujourd’hui un peu plus d’un an. Il reste furieusement d’actualité. Le lire et le partager peut nous aider à grandir en tant que société. Chacun est libre de penser ce qu’il veut. Ca n’exclut pas de se renseigner au préalable. Comme il n’y a pas qu’arrêter de fumer et perdre cinq kilos dans la vie, ça constitue aussi une excellente résolution pour commencer l’année du bon pied.
Le livre a aujourd’hui un peu plus d’un an. Il reste furieusement d’actualité. Le lire et le partager peut nous aider à grandir en tant que société. Chacun est libre de penser ce qu’il veut. Ca n’exclut pas de se renseigner au préalable. Comme il n’y a pas qu’arrêter de fumer et perdre cinq kilos dans la vie, ça constitue aussi une excellente résolution pour commencer l’année du bon pied.
Moi, j’ai décidé.
Texte : Clem
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