Peut-être que votre potager essaie de vous tuer

liège

Dans la Principauté, ceux qui ont la chance d'avoir un petit bout de verdure à eux sont les vrais rois, tandis que les autres doivent se contenter de cultiver l'un ou l'autre potager public. Un peu contraignant, peut-être, mais tellement gratifiant pour la santé. A moins qu'en fait, ce ne soit un passe-temps mortel? 

Ce matin, les 250 jardiniers en herbe du "Coin de terre", le potager collectif de Bressoux, étaient reçus par la Région wallonne. Pour les féliciter, goûter à leur production de saison? Que nenni: ils ont été invités à venir entendre les résultats d'une étude concernant la toxicité éventuelle des terres qu'ils cultivent. C'est que 85 des parcelles contiendraient des teneurs en plomb, cadmium et arsenic plus élevées que le seuil autorisé. Et ce, alors même que les terrains qui ont été cédés au "Coin de terre" ne se trouvent sur le site d'aucune ancienne activité industrielle. 

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Appartenant au Logis social de la ville de Liège, le potager s'étend sur plus de 6 hectares, ce qui en fait le plus grand potager collectif de Wallonie. En juillet dernier, une des locataires avait eu l'idée de faire analyser la terre de son lopin, découvrant à sa grande (et mauvaise) surprise la présence de métaux lourds. 

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Une découverte lourde de sens, qui n'est pas la première à donner un goût amer aux récoltes liégeoises: riche passé industriel oblige, la cultivation d'un jardinet comestible s'accompagne parfois d'ingrédients parfaitement indésirables. Parmi les principaux coupables, le service d'Assainissement et Protection des Sols de la Fédération Wallonie-Bruxelles recense ainsi les éléments trace métalliques (arsenic, cadmium, cuivre, zinc...), les hydrocarbures pétroliers, les cyanures ou encore les PCB (lubrifiants, vernis...). Ce petit goût que vous attribuez à la culture 100% bio de votre potager? C'est en réalité un risque de cancer que vous ingérez à chaque bouchée. Selon les données obtenues par la RTBF, certains des jardiniers amateurs de Bressoux présentent des taux de contamination anormalement élevés. De son côté, la Fédération Wallonie-Bruxelles se borne à indiquer que "si la pollution est supposée dans votre jardin, il n'est pas recommandé d'y cultiver des fruits et légumes consommables. Il y aurait un risque d'ingérer des polluants. Il est préférable de faire analyser votre sol en cas de doute". Selon les explications fournies par Jardins et Loisirs, l’analyse de terre est un service public à destination des agriculteurs et des particuliers.  Il y a un laboratoire dans chaque province wallonne.  Le prix de base est de 12,50 euros. Un petit prix à payer pour éviter d'assaisonner sans le savoir ses légumes aux métaux lourds. 

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