Depuis, plusieurs copines sont passées sous ses aiguilles, et çà et là sur la toile, j’ai recroisé ses tatouages, dont le style semblait de plus en plus s'affirmer.
Du coup il y a quelques temps, Charly, son appareil photo et moi avons passé un moment dans son studio pour papoter. Pendant qu’à nos côtés, Eve se faisait vaillamment encrer.
Tom Crouse a commencé à tatouer il y a treize ans. Parisien, il s’est installé à Liège où il a tenu son propre salon de tatouage, Mauvais Genre. Une boutique qu’il quitte après quelques années, lassé de tatouer des projets qui ne lui plaisaient pas et de devoir ainsi réprimer sa créativité. Une pause s’impose alors pour repenser sa trajectoire, hors de la Cité Ardente.
Pour mieux y revenir ensuite, la motivation retrouvée. « Plutôt (trans)Barbantes que (trans)Ardentes », Tom Crouse est finalement revenu s’établir à Liège, pour « les potes, les bières pas très chères, les concerts ».
Et pour, aujourd’hui, y tatouer ses propres dessins flash. Après avoir beaucoup tatoué à domicile, c’est principalement dans son petit studio privé qu’il officie. Travailler en salon ne l’intéresse plus : pour Tom Crouse, de nos jours, avoir une vitrine virtuelle est plus facile – et plus intéressant – qu’avoir pignon sur rue.
C’est donc sur Instagram et Facebook que Tom expose ses créations, au style reconnaissable et faussement naïf : pseudo-réalisme, personnages ordinaires, animaux et références pop culture, le tout souvent souligné d’une petite phrase évocatrice.
Il est souvent laborieux de mettre les mots sur ce qui touche dans un dessin –ou dans un tatouage, en l’occurrence. Et ce d’autant plus lorsque leur force réside en leur capacité d’évocation. Pas de fioritures, de détails complexes ou de couleurs chatoyantes ici. Le maitre mot est la simplicité : « Je fais le dessin au plus simple à partir d’une idée. Ce n’est pas le graphisme qui fait le dessin, mais vraiment l’idée derrière. Faut que ça parle, ce n’est pas ornemental »
Par choix, Tom Crouse travaille essentiellement le noir – avec quelques aplats et de rares dégradés – et en ligne claire, un style épuré souvent associé au dessinateur Hergé, « parce que ça vieillit bien, les traits ne sont pas très fins. Il y a vraiment un soucis de vieillissement et de visibilité dans la conception du dessin ».
Dans les dessins de Tom Crouse, beaucoup de femmes dénudées. Mais pas de pin-up sexy, au contraire. Elles ont « quelque chose d’intemporel, de pur » et sont comme des figures éthérées et impassibles : « Avant, j’ai tatoué tellement de têtes de mort, de trucs agressifs, j’ai vraiment voulu revenir à quelque chose de plus doux ».
Doux, oui, mais pas mièvre : les traits, eux, sont bien marqués, et le contraste avec les petites citations placées sous ses tatouages contribue très certainement à leur charme.
Ca et, sûrement, ce petit chien sympathique que l’on retrouve souvent inséré dans les tattoos de Tom Crouse. Minuscule teckel qui vient équilibrer la composition –et dont on se doute que l’inspiration provient d’Herman, fidèle compagnon canin, qui assiste nonchalamment aux activités de son maître.
« La vie », voilà ce qui inspire Tom Crouse.
Un mot simple, comme ses traits, et qui englobe une multitude de choses plus complexes, comme ce qu’ils évoquent : les tatouages de Tom parlent d’amour et d’amitié, humaine ou inter-espèce, de vie, de mort, de tristesse, d’absurdité du quotidien, d’injustice, de nature, de peur, de joie simple.
Et parfois, de voyage spatial et de téléportation.
Aujourd’hui, ses clients viennent le trouver avec leur propre idée, qu'il traduit dans son style graphique. Une petite consécration pour celui qui, en témoignent ses bras qui sont comme un patchwork d’encres et de styles, voit la peau comme une collection d'œuvres réalisées au fil des rencontres avec les tatoueurs, à la fois artistes et artisans.
* ce samedi 29/10, Halloween oblige, il organise avec Ciro Fanelli un
walk-in dans son studio. Squelettes, monstres et autres sorcières
creepy au rendez-vous ~
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